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Samusocial

Notre série “Être infirmier·ère au Samusocial  : Bien plus que du soin.” – Patrick, Episode 3. 

31/01/2025

Depuis deux ans, Patrick travaille comme infirmier au centre “Prince de Liège” du Samusocial,  destiné aux personnes vulnérables et médicalisées. Né en 2021 de la fusion de l’ancienne “Médihalte” et du “Petit Rempart”, ce centre a  pour mission d’offrir un accueil adapté aux besoins spécifiques des personnes sans abri souffrant de problèmes médicaux ou fragilisés par leur condition.

Le centre est divisé en deux pôles distincts :

  • Le pôle “Fragiles” : destiné aux personnes autonomes mais nécessitant un suivi médical léger en raison de leur âge, de leurs capacités physiques ou psychiques.
  • Le pôle “médicalisé” : conçu pour accueillir des personnes sans abri atteintes de pathologies chroniques nécessitant des soins quotidiens sur le long terme.

Affecté au pôle “médicalisé”, Patrick explique que les admissions se font via les partenaires et les hôpitaux après une évaluation médicale rigoureuse. Les personnes admises reçoivent des soins adaptés et sont accompagnées dans un parcours d’autonomisation et de réintégration sociale.

Cependant, le centre ne peut accueillir toutes les demandes en raison de ses limitations techniques et logistiques :

“Nous ne sommes pas équipés comme un hôpital classique. Par exemple, nous ne pouvons pas prendre en charge des patient·es dépendant·es d’appareils médicaux lourds, comme des bonbonnes à oxygène. Les personnes doivent avoir un minimum d’autonomie dans les activités de la vie quotidienne.”

Les infirmier·ères prennent en charge divers soins, allant des plaies aux suivis thérapeutiques et psychologiques. Les pathologies fréquentes incluent le diabète, le VIH, l’hépatite C, et d’autres maladies chroniques. Pour chaque cas, le centre collabore étroitement avec des réseaux spécialisés, comme le Réseau Hépatite C, Transit, ou encore l’Hôpital Saint-Pierre afin d’assurer un traitement approprié et une continuité des soins.

Une autonomie encouragée et un défi administratif

Un des objectifs-clé du centre est d’aider les hébergé.es à devenir autonomes dans la gestion de leurs soins. Les équipes les inscrivent dans des maisons médicales et travaillent sur la régularisation de leurs cartes médicales, un défi majeur pour les patient·es sans papiers ou en situation irrégulière.

Patrick souligne :

“Le plus gros défi, c’est le temps d’attente pour la régularisation auprès du CPAS. Cela peut prendre des mois et retarder l’accès aux soins.”

En attendant, des solutions temporaires, comme le Centre d’Aide de Soins et d’Orientation (CASO) de notre partenaire Médecins du Monde, permettent aux hébergé.es d’accéder à des consultations et prescriptions essentielles.

Un accompagnement sur mesure et une approche pluridisciplinaire

La durée de séjour des bénéficiaires dépend de leur état de santé, de leurs besoins médicaux et de l’avancement de leur projet social. Pour garantir un suivi adapté, chaque hébergé.e bénéficie d’entretiens réguliers permettant d’évaluer l’évolution de sa maladie et de définir la suite de son parcours.

Ce travail au plus près du besoin de la personne repose sur l’interdisciplinarité de l’équipe, composée de travailleur·euses sociaux·ales, d’éducateur·trices, de médecins, d’infirmier·ères et de psychologues.

“C’est une réelle force. Travailler en équipe pluridisciplinaire permet d’aborder les problématiques sous différents angles et de mieux accompagner les personnes dans leur rétablissement.”

Cette coordination est d’autant plus importante que bon nombre des bénéficiaires ont vécu des situations de grande précarité, et sont souvent marqués par des expériences traumatisantes. Après des années passées dans la rue, beaucoup ont perdu leurs repères sociaux et développé des mécanismes de défense, rendant leur réintégration particulièrement délicate.

L’équipe s’efforce donc d’instaurer un climat de confiance tout en respectant les limites nécessaires à une vie en collectivité. 

“Il faut du temps pour que les personnes s’adaptent à une nouvelle routine et comprennent que notre rôle est de les aider, pas de les juger. Chaque avancée, même minime, est un pas vers leur autonomie et leur stabilité.”

L’objectif va au-delà des soins médicaux : il s’agit d’accompagner les patient·es vers une stabilité émotionnelle et sociale, en leur donnant les moyens de retrouver une autonomie et une dignité souvent perdues.

“Ce qui me motive, c’est de leur offrir une seconde chance, dépourvue de tout jugement, et de voir leur évolution vers un avenir plus stable.”

Le centre médicalisé du Samusocial n’est pas qu’un lieu de soins : c’est un espace de transition. Grâce au travail de Patrick et de toute l’ équipe, de nombreuses personnes vulnérables retrouvent un équilibre, une autonomie, et, pour beaucoup, une chance de se reconstruire.

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