Notre série “Être infirmier⸱ère au Samusocial : Bien plus que du soin.” – Ridouane, Episode 2.
24/01/2025
Dans notre centre d’hébergement d’urgence “Poincaré”, qui accueille jusqu’à 275 hommes seuls, le rôle d’un infirmier dépasse largement les soins de base. C’est un travail à la croisée de l’accompagnement humain et du soutien médical, où chaque geste vise non seulement à soigner, mais aussi à autonomiser. Ridouane, infirmier au Samusocial, nous offre un aperçu de cette mission essentielle.
“Ma mission, c’est avant tout d’accueillir les personnes, d’évaluer leurs besoins et faire le point sur leurs droits médicaux , – comprendre si elles ont accès aux soins -“, explique Ridouane. Cet accueil débute par un entretien préliminaire permettant d’identifier les problématiques médicales, sociales et administratives des personnes.
Les soins prodigués au centre incluent souvent des gestes simples – “de la bobologie“, explique Ridouane dans un sourire : soins de plaies ou de blessures légères, traitement de la douleur… Mais bien au-delà de ces interventions, l’objectif est d’accompagner chaque personne vers une prise en charge adaptée et de promouvoir l’autogestion des soins.
Si un bénéficiaire n’a pas accès aux soins, le rôle de l’infirmier⸱ère est de tout mettre en œuvre pour y remédier. “On les aide à se créer un réseau : leur montrer où est la pharmacie, où trouver un médecin généraliste ou l’hôpital le plus proche. Parfois, on les accompagne, mais l’idée est qu’ils deviennent autonomes.” Cette autonomisation est au cœur de l’approche du Samusocial. “Toutes ces petites étapes constituent le début de sortie de rue des personnes et leur permettent de retrouver progressivement une stabilité.”
Travailler au Samusocial signifie aussi évoluer dans une équipe pluridisciplinaire, où l’entraide est essentielle. “Nous collaborons étroitement avec les assistant·es sociaux·ales, les psychologues, et d’autres partenaires. Par exemple, si un bénéficiaire n’a pas de mutuelle, je peux faire appel à l’assistante sociale pour régulariser sa situation, ce qui permet ensuite de résoudre ses problèmes médicaux.” Ces interactions fluides, rendues possibles par la proximité des équipes, accélèrent souvent la résolution des cas les plus complexes.
Les partenaires externes jouent également un rôle crucial. Médecins du Monde, partenaire historique du Samusocial, tient ainsi des permanences deux fois par semaine dans notre infirmerie. Les médecins bénévoles de l’ONG offrent des consultations à ceux qui n’ont encore aucun accès aux soins. “Ils peuvent délivrer des attestations d’Aide Médicale Urgente (AMU), ce que nous ne pouvons pas faire. Ils nous permettent aussi de gérer les prescriptions pour les cas nécessitant des avis médicaux spécifiques.“ Ridouane cite également d’autres partenaires comme le Projet Lama, spécialisé dans les accompagnements thérapeutiques pour les personnes souffrant d’addiction(s), ou encore la cellule de crise de Saint-Luc, pour les urgences psychiatriques, et bien d’autres…
Être infirmier⸱ère dans ce contexte demande des compétences polyvalentes. “Il faut être autonome, savoir gérer le stress, et surtout, avoir une vision globale des besoins des bénéficiaires.” Dans ce métier, aucune journée ne se ressemble. Les bénéficiaires arrivent sans rendez-vous, souvent dans des situations imprévisibles. “Il faut pouvoir faire un screening complet de la personne : pas seulement soigner une plaie, mais comprendre sa situation sociale et administrative pour lui apporter une solution globale.”
La relation avec les bénéficiaires est marquée par une proximité unique. “On les croise tous les jours. Ce contact régulier permet de mieux comprendre leur parcours et de les accompagner au mieux.“ Mais Ridouane insiste sur l’importance de poser des limites : “L’objectif principal des personnes accueillies au Samusocial est de ne plus vivre dans la rue. Il est donc essentiel de savoir poser des limites, car elles ont tendance à solliciter fréquemment une prolongation de leur hébergement ou de leur prise en charge.”
Malgré les défis, Ridouane tire une grande satisfaction de son métier. “J’aime aider des personnes souvent mal perçues au sein de la société. On déconstruit les préjugés et on participe, à notre niveau, à leur reconstruction.” Voir un bénéficiaire progresser et retrouver de l’autonomie est pour lui la plus belle récompense. “Ça me montre que, d’une certaine manière, j’apporte ma pierre à l’édifice.“
Au-delà des gestes techniques, être infirmier⸱ère au centre ‘Poincaré’ du Samusocial, c’est aussi tisser un lien de confiance avec des hommes souvent marginalisés. Chaque situation appelle une réponse spécifique, qui nécessite écoute et compréhension. C’est contribuer à redonner de la dignité à des personnes en grande précarité, un geste à la fois.
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