Manon a décidé de quitter son foyer pour protéger sa fille. Arrivée au Samusocial récemment, elle entame un véritable travail de reconstruction personnelle et reprend progressivement goût aux petits plaisirs de la vie, dont celui de la lecture avec son enfant. Au centre d’accueil pour Familles de Woluwe, rien de tel que la bibliothèque pour s’évader quelques instants.
“Mon histoire est longue, compliquée et douloureuse. Autrefois, je travaillais dans la vente : chiffre, rendement, ordinateur, téléphone… J’avais beaucoup d’a priori. Je pensais que les personnes sans abri étaient responsables de leur situation. Lorsque je me suis retrouvée sans rien, je me suis tout de suite sentie coupable. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Tomber, ça peut vraiment arriver à tout le monde. Au centre, on n’a pas tous le même parcours ni la même vie mais on partage le même combat. Avant d’arriver ici, j’ai beaucoup voyagé. Lorsque je suis à l’étranger, je ne suis pas du genre à faire les hôtels all-inclusive, je préfère aller sur le terrain : marcher, vivre comme les autres. Je considère mon passage au Samusocial comme un voyage. Un nouveau monde s’est ouvert à moi. Se sentir riche de rencontres, intégrer une communauté, se retrouver face à quelque chose d’étranger, loin de son confort, quand on y réfléchit, c’est l’essence même du voyage. Je voudrais faire découvrir cela à ma fille, mais pas tout de suite. Je suis encore dans un tunnel. Je vois le bout, j’ai l’impression de voir la lumière, je vais y arriver, mais c’est encore un peu tôt. Aujourd’hui je réalise que la vie est belle, j’arrive enfin à profiter des petits plaisirs du quotidien. Au final, c’est peut-être ça l’avenir, vivre plus simplement. »
Accompagnée par les équipes du Samusocial, Manon élabore un projet d’avenir. Elle pense à une reconversion professionnelle mais ne sait pas encore dans quel domaine. En parallèle, elle continue sa recherche de logement. Un endroit pour ouvrir une nouvelle page.