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Samusocial

Nayah, 30 ans, et ses 2 enfants, hébergés au Centre familles depuis 1 an

25/09/2017

Voici l’histoire de Nayah. Elle a 30 ans, un petit garçon de 2 ans et demi et une petite fille de 11 mois. Cela fait 1 an que Nayah vit au Centre familles du Samusocial

Nayah vient du Cameroun. Là-bas, son voisin devient son compagnon. En 2010, il part en Belgique pour travailler. En 2013, elle l’épouse. Il est toujours en Belgique, elle est toujours au pays. C’est un mariage « coutumier » : « c’est un peu comme des fiançailles, explique-t-elle. Mais il n’était pas là. Ҫa n’a pas empêché la cérémonie, je savais qu’on ferait ensuite le mariage civil, sans savoir quand. »
Et puis, en septembre 2014, elle le rejoint, avec un visa étudiant. « J’avais une licence en logistique et transports, et je comptais continuer mes études en Belgique. »

« Tout allait bien. On a parlé de fonder une famille. Nelson est né en juillet 2015. » Mais l’ombre au tableau arrive vite. Le couple se dispute. Le mari de Nayah devient violent. Un ami lui conseille de repartir au Cameroun pour prendre l’air. « C’est vrai que ç’aurait été le bon moment de retourner au pays, ma sœur venait de décéder et je voulais assister aux obsèques. Le problème, c’est que le service des étrangers n’avait pas encore renouvelé mon visa étudiant et le précédent avait expiré. Si je voyageais, je n’avais pas la garantie de pouvoir revenir, » soupire Nayah.
Son mari retourne alors à la Commune. Il explique à Nayah qu’il pense pouvoir lui obtenir un laisser-passer. Au Service des Etrangers, l’employée demande à Nayah si elle souhaite réellement résilier son séjour. « En fait, il voulait me faire signer un retour volontaire, il voulait se débarrasser de moi ». Quand son mari comprend que son plan lui échappe, il menace Nayah.
Le personnel de la Commune appelle la Police, puis le service de médiation qui suggère à Nayah de ne pas rentrer au domicile conjugal, le temps que les choses se calment. Elle et son fils sont hébergés chez les religieuses de Woluwé, pendant une semaine. Au moment des retrouvailles, il annonce à Nayah qu’il la quitte. « Pour moi, c’était une blague, je ne m’attendais pas à ça, je ne savais pas où j’allais vivre ! Il m’a demandé de venir chercher mes affaires. Je pensais qu’on allait discuter, mais quand je suis arrivée à la maison, mes bagages étaient déjà faits. »

Nayah est sous le choc : elle est désormais sans domicile fixe. A cela vient s’ajouter une autre nouvelle, difficilement envisageable dans ces circonstances : elle est enceinte. « La religieuse qui m’accompagnait m’a dit qu’elle pouvait me garder 2 semaines, le temps que je trouve quelque chose. »

La longue errance d’une jeune maman enceinte

Commence alors une longue période d’errance pour Nayah et son fils. Mère et fils vont de maison en maison. Pour commencer, elle appelle son oncle. Il vit en France et accepte de l’accueillir. Mais voilà : le visa n’est toujours pas renouvelé. Elle n’ose pas passer la frontière dans ces conditions. Elle se rend chez un couple d’amis qui vit à Dendermonde. Elle y reste 2 mois. Pendant toute cette période, son mari vient récupérer Nelson un samedi sur deux. Elle ne le rencontre presque jamais. Lorsqu’un jour, il demande à la voir et que son amie lui explique que Nayah n’est pas là, il devient à nouveau violent. Suite à cet épisode, l’amie de Nayah souhaite qu’elle quitte les lieux.

Elle déménage alors à Mons, chez la cousine de son mari, qui accepte de l’accueillir à la condition qu’il ne sache pas où elle réside. Elle y reste 3 mois. Lorsqu’il veut voir son fils, elle lui donne RdV à la gare du Nord. Un peu plus tard, Nayah reçoit un appel de la police d’Evere. Son mari l’accuse d’avoir kidnappé leur fils. Moins de 2 semaines plus tard, elle reçoit une assignation du tribunal. Ils s‘arrangent sur le montant de la pension alimentaire, la garde de Nelson.
C’est alors que l’avocat de Nayah commet une erreur : au lieu de donner l’adresse de Dendermonde à son mari, il lui donne l’adresse de Mons… « J’ai appelé sa cousine pour la prévenir et j’ai de nouveau du partir… Une amie m’a accueillie pendant une semaine, à Mons, puis une autre amie m’a hébergée pendant une semaine également, à Liège. Je n’en pouvais plus. J’ai rappelé mes amis de Dendermonde. Ils m’ont reprise. Je voulais à tout prix avoir un logement personnel. Dans ma tête, je pensais : « tu trouves un logement et tout va s’arranger ». Ma maman m’a envoyé de l’argent depuis le Cameroun. J’ai cherché pendant longtemps. J’ai demandé de l’aide au CPAS, mais je n’ai pu l’obtenir à cause de mon statut d’étudiante, puisque j’ai un garant. Et puis, comme j’étais enceinte, je devais venir régulièrement à Bruxelles pour mes consultations à l’hôpital, mes RdV avec l’ONE…finalement, c’est dans les transports que j’ai dépensé tout l’argent de ma maman. »

Prise en charge au Samusocial, l’horizon s’éclaircit pour Nayah et ses enfants

Finalement, l’amie de Nayah lui demande à nouveau de partir. Elle lui dit qu’au Samusocial, elle trouvera de l’aide. C’est le cas : « Au Petit Rempart, ils m’ont reçue le jour-même. Je suis restée 6 jours. Et puis, on m’a emmenée ici, au Centre familles, tout début septembre 2016. J’ai accouché le 12, d’une petite fille. »

Un an plus tard, Nayah confie : « Au début, je ne savais pas à quoi m’attendre, je ne savais pas combien de temps j’allais rester.  J’ai refait une demande d’aide financière au CPAS, en octobre, puis en avril, car je n’étais plus étudiante. Je suis passée par 2 avocats. La procédure a été longue, mais la réponse ne devrait plus tarder. Si la réponse est positive, je pourrai entrer bientôt en logement privé. »

« Je peux enfin penser à mon avenir. Vivre chez les gens, c’était trop compliqué. On dérange tout le temps. Ici, ce n’est pas parfait, mais pour des personnes comme moi, sans revenus et avec 2 enfants, c’est déjà très bien : j’ai ma propre chambre, je ne suis pas dérangée. Et puis, je me suis fait des amies. C’est d’ailleurs les seules amies que j’ai. Je suis toujours en contact avec celles qui sont parties. Bientôt, l’une d’elles va nous inviter à manger. On pourra préparer ce qu’on veut !
Ici, au Centre familles, on fait des activités, on va se promener. Je vais toujours au Jeudi de la Femme, c’est très gai ! Quand tu écoutes les histoires des autres, tu apprends beaucoup. Avant, je pleurais souvent. Maintenant, je sais que je ne suis pas la seule à avoir vécu des choses difficiles, il ne faut pas se lamenter. »
« Et puis, je suis contente : avant, Nelson ne parlait pas beaucoup, mais comme il y a beaucoup d’enfants ici, il s’est ouvert. Il ira à l’école en décembre. »

Le papa de Nelson vient chercher son fils un week-end sur deux. Avec la garde partagée, Nayah est obligée de rester en Belgique. Elle a fait une demande de régularisation. « Ce n’est pas certain à 100% que cela fonctionne. Mais bientôt, mon ex-compagnon devra faire un test de paternité. Il verra bien qu’il est aussi le papa de ma fille. Cela devrait aussi m’aider à stabiliser ma situation. Alors je pourrai faire une formation. Pourquoi pas dans le social… »

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