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Samusocial

Ahmed, 32 ans, Palestinien en demande de protection internationale et hébergé en centre d’accueil d’urgence : « On ne m’accorde qu’une condition de sans-abri»

10/06/2024

Ahmed a 32 ans. Une famille, une fiancée. Un job de comptable. L’avenir paraît radieux. Mais la géopolitique en décidera autrement.
Quand les premiers bombardements éclatent à Gaza, en mai 2023, il décide rapidement de partir pour la Turquie, en passant par l’Egypte. Tout est en ordre, il a un visa. De là-bas, il pourra envoyer de l’argent à sa famille. Et puis ce n’est que pour quelque temps, il croise les doigts, la situation va s’arranger.
Mais rien n’est simple, ou plutôt, tout se complique. En Turquie, les Palestinien⋅nes ne semblent pas les bienvenu⋅es, il subit des violences policières, et est emprisonné à trois reprises. Alors, Ahmed repart. Pour la Grèce, cette fois. Mais là-bas, c’est le même topo. Il se fait agresser, souhaite porter plainte, la Police lui demande de l’argent pour encoder le rapport médical attestant des violences subies.
Alors il repart, un vol direct de Thessalonique pour Bruxelles. Dès son arrivée, il fait sa demande de protection internationale, au Petit Château. Pendant 15 jours, il dort dans un squat où ne vivent que des Palestinien⋅nes. Les conditions sont évidemment précaires, certains consomment. Il se rend parfois au Hub Humanitaire, pour un repas, se doucher, changer de vêtements, charger son téléphone. 

En ballotage dans les centres pour personnes sans abri du Samusocial, faute de solution adaptée

Il obtient pour la première fois une place au Samusocial : il dormira 3 nuits dans le centre d’accueil d’urgence pour hommes seuls ‘Poincaré’. Le centre connaît un important afflux de Palestiniens, qui devraient pourtant être accueillis dans le réseau Fedasil, et, pour faciliter le turn-over et l’accessibilité du centre aux personnes sans abri, les équipes, démunies face aux besoins très spécifiques des Palestiniens multi-traumatisés par la guerre, orientent les plus vulnérables d’entre-eux vers un autre centre pour hommes seuls du Samusocial, le centre de Forest. Là, ils gagnent un peu de répit.

Ahmed présente d’ailleurs une vulnérabilité particulière : il est diabétique. Et doit passer un audiogramme : à cause des bombes, son audition s’est fortement détériorée. Il restera 7 nuits à Forest, en report*. Mais à la fin de son report, il est invité à passer de nouveau par le téléphone pour avoir une place. Et il revient à Poincaré, où il obtiendra finalement un report jusqu’au 15 mai. Cette instabilité est bien entendu éprouvante pour Ahmed. « J’ai besoin de constance. Je ne suis pas un sans-abri, je suis un réfugié, mais l’on m’accorde aujourd’hui uniquement une condition de sans abri. Le Samusocial est une solution temporaire, mais jusqu’à quand ? Tous les jours, je peux perdre ma place, pour une personne plus ‘fragile’ que moi.**  Pour entrevoir un début de solution, un début de nouvelle vie, il me faut une adresse. Je ressens énormément de frustration, je suis très inquiet pour l’avenir, j’ai besoin de m’intégrer. »
En attendant, Ahmed est sans nouvelles de sa famille et de sa fiancée depuis 20 jours. Il sait qu’ils vivent dans une tente de 6m2 : « Eux-aussi, ils sont sans abri… », déplore-t-il. « Et moi, je n’ai pas d’argent et aucun moyen pour leur en envoyer.  »

Un ami resté sur place lui a transmis les images de son immeuble… il n’en reste qu’un tas de gravats. Aujourd’hui, Ahmed en est convaincu, il ne pourra jamais rentrer chez lui. « Je ne crois pas qu’il puisse y avoir une solution avec Israël. Je sais que mon avenir est ici. Et j’espère que ma famille pourra me rejoindre.  Bien sûr, c’est un déchirement de quitter son pays. Mais je pense que nous pouvons y arriver, ici. Je trouve qu’il y a bien moins de racisme en Belgique que dans d’autres pays par lesquels je suis passé. J’ai beaucoup de projets, et en premier lieu celui d’apprendre le néerlandais, pour m’intégrer. Mais d’abord il faut que je puisse avoir un hébergement à moi. Quelle est la différence entre les Palestinien⋅nes et les Ukrainien⋅nes ? Eux, on leur donne un travail, une carte orange, une adresse…  », partage-t-il, songeur.

 

 

*le report signifie que les personnes ne doivent pas passer pendant une période établie par le téléphone pour réserver leur place

**Dans les centres d’hébergement d’urgence, la priorité d’accès est évaluée sur base de critères psycho-médico-sociaux au regard de l’ensemble des besoins des personnes en demande, ou déjà hébergées. 

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