Ancienne bénéficiaire, future assistante sociale : le parcours de Diane

18/03/2025

Diane a vécu dans plusieurs centres du Samusocial, pendant un an et demi. Ces conditions de vie instables ne l’ont pas empêchée de faire des études : dans quelques mois, elle obtiendra son diplôme d’assistante sociale.  

Aujourd’hui, Diane fête ses 44 ans. Je la retrouve à la Casa Vesta, un hébergement de transition pour les femmes isolées et les mamans solos sans-abri. 

Derrière le bureau des assistant·es sociaux·ales, elle s’installe, prend une profonde inspiration,  et se lance . Elle est en stage dans le projet Casa. Il y a quelques années, elle était assise de l’autre côté du bureau. « Tout a commencé en 2020. Le père de ma fille, qui était un travailleur humanitaire belge, est décédé au pays, avec pour dernier souhait que notre fille, belge également, puisse faire ses études en Europe. Lorsque je suis arrivée ici avec elle, je n’avais personne.”

Diane est marquée par une date : le 21 janvier 2020, sa première nuit au centre d’accueil d’urgence pour familles du Samusocial. Elle raconte : « C’était dur. Très dur. On a vu les toilettes, les douches dans un container à l’extérieur .. Ce n’est pas ce que l’on imaginait. » Le 21 janvier 2020 au soir, elle fait une promesse à sa fille de 12 ans : « Une fois cette étape passée, nous ne reviendrons jamais. »

Mars 2020, tout se complique. On lui diagnostique un cancer du sein en stade 3. Seize séances de chimiothérapie sont programmées. 

Rapidement, Diane et sa fille sont orientées vers une ‘Casa’, où elles trouvent mieux leur place. La jeune maman y voit la possibilité d’un lieu où se reposer, cuisiner et mieux vivre ses traitements. « Je voulais un endroit où je pouvais manger ce que je voulais, avoir mes propres repères. » Elle sait que c’est temporaire, mais elle s’y sent mieux. « Sophie, la responsable du projet, assurait le suivi social de tout le monde. Elle connaissait tout mon programme de soins, me rappelait les rendez-vous quand j’oubliais. »

Les traitements sont lourds et la fatigue quotidienne. Diane se bat pour sa fille, elle ne la laissera pas seule. « J’avance. Je ne cours pas, j’avance tout doucement, mais j’avance. » 

Elle se fait opérer, tout se passe bien. Diane envisage un avenir différent. Un jour, elle confie à Sophie : “J’aimerais bien devenir assistante sociale. Les assistants sociaux sont les premières personnes que j’ai rencontrées quand je suis arrivée en Belgique, je reconnais le soutien qu’ils et elles peuvent apporter. » Avec l’aide de Sophie, elle passe l’examen d’entrée et le réussit.

Elle avance sans perdre de vue son objectif : un logement.  Cette période de recherche reste un souvenir douloureux. Elle prend sa respiration : « J’avais toujours entendu parler de racisme, je l’ai vécu en pleine face. » Pleine d’ambition, Diane se voit contrainte d’abaisser ses critères. Elle rêvait d’un grand appartement ‘chic’ où accueillir ses filles, mais les refus s’enchaînent.

Août 2021, elle finit par décrocher son premier contrat de location: « Ce n’est pas ce dont je rêvais, mais c’est un pas de plus. »

Aujourd’hui, Diane habite un appartement plus grand dans ce même immeuble. Elle peut y accueillir ses deux filles et continuer ses études. Le cancer restera sa plus grande crainte. « J’ai peur qu’il revienne, que ça recommence. Et ça, tous les jours. » Mais elle avance. 

Elle adresse un message à toutes celles qui, comme elle autrefois, cherchent à s’en sortir « Les Casas ne sont qu’un lieu de passage. Laissez-vous aider, ne restez pas là. Battez-vous pour avancer. Mais il faut rester attentifs, on peut tout perdre, trop vite”

Dans le cadre de ses études, Diane prépare un mémoire sur l’accompagnement des femmes au sein des Casas. « Je pense que c’est le meilleur endroit pour vraiment faire du travail social. »