Angel : « Là-bas, je ne pouvais pas être qui je suis »
17/09/2024
Après avoir fui la répression et les persécutions homophobes dans son pays d’origine, Angel raconte son parcours marqué par l’espoir d’une nouvelle vie. Aujourd’hui réfugiée en Belgique, elle est accueillie dans un centre pour demandeur·euses de protection internationale (DPI) du Samusocial. Désormais reconnue réfugiée, elle entame un nouveau chapitre de sa vie, loin de la peur et de l’oppression.
“J’étais hôtesse de l’air, puis comptable au Congo, mon pays d’origine. Ma petite amie et moi travaillions pour la même compagnie aérienne. Mais ni mon environnement familial, ni amical, ni professionnel, ne me permettaient d’être qui je suis. Là-bas, l’homophobie est un vrai problème de société.
Un jour que nous étions enlacées à l’abri des regards, à l’ombre des manguiers qui nous offraient une certaine discrétion – du moins c’est ce que je pensais -, un policier nous a vues. Il a crié : « vous êtes des sorcières, c’est immoral ! » Des voisins sont sortis, tout le monde nous regardait, nous huait, cherchait à nous frapper. Il nous a emmenées au poste de Police, où il nous a exposé notre ‘crime’ : ‘attentat à la pudeur’, ‘relation contre nature’. Le tout punissable d’une peine de prison pouvant aller de 6 mois à 5 ans. On a supplié, négocié. C’était terrible, comment pouvais-je aller en prison ?! Pour 150$, il nous a finalement laissées partir par la porte de derrière. Ma famille a eu vent de cette histoire. Ma mère, qui me soupçonnait déjà d’être lesbienne, en a eu la confirmation. Elle était déçue. Elle prêche à l’église, elle tient à sa dignité, à son honneur. Les bailleurs de mon appartement m’ont chassée, ils ne voulaient pas que leur logement soit un « abri de prostitution », comme ils disaient.
J’ai décidé de partir. Seule, parce que ma petite amie n’avait pas les moyens financiers d’activer la procédure d’urgence pour obtenir un Visa.
Je suis arrivée en Belgique en janvier 2023. J’ai d’abord logé quelques temps chez ma sœur, qui a la nationalité belge et qui vit à Charleroi. Elle a seulement accepté de m’héberger parce que j’étais très malade, à l’époque, un gros problème gynécologique. Je suis ensuite allée m’enregistrer à l’Office des Etrangers, et on m’a envoyée dans un centre de transit à Liège, où je suis restée 10 jours. Puis quelques mois au Petit Château. Je me suis fait opérer entretemps : une hystérectomie. Quand je me suis sentie mieux, on m’a assigné un nouveau centre, le temps que ma demande de protection internationale soit évaluée : je suis arrivée ici, au Samusocial, en juin 2023. Et depuis deux mois, je suis officiellement reconnue réfugiée ! Maintenant, je cherche un logement, et je suis une formation en comptabilité. A Bruxelles-formation, je me suis fait deux nouvelles amies. J’ai le sentiment que la Belgique est accueillante envers les personnes issues de la communauté LGBT. Je suis rassurée, une nouvelle vie commence !”