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Samusocial

« Aujourd’hui, je suis capable d’aller au bout du monde les yeux fermés ». Rencontre avec Simona, résidente de notre Casa Vesta.

09/03/2023

Nous avons rendez-vous aujourd’hui avec Simona, une résidente de la Casa Vesta – notre hébergement de transition destiné aux femmes seules et aux mamans solos. Depuis plusieurs mois, Simona bénéficie du soutien de Rights First, un projet initié par Bruss’Help autour de quatre acteurs associatifs avec, en ligne de mire, la réactivation des droits des bénéficiaires. Rencontre.

Bonjour Simona, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Simona, je suis d’origine roumaine, mais je vis en Belgique depuis longtemps. Le parcours qui m’a menée à la Casa Vesta a été très difficile. J’ai vécu beaucoup de moments compliqués, douloureux, humiliants. Je n’ai pas eu beaucoup de chance. Mais aujourd’hui je vais mieux, je peux enfin le dire ! Même si on ne sait jamais ce que demain nous réserve…

Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?

Je me suis retrouvée à la rue du jour au lendemain. À l’époque, j’habitais avec un homme qui « m’entretenait ». Un jour, j’ai décidé de travailler dans un café. Ça ne lui a pas plu, et on s’est violemment séparés. Comme je vivais chez lui, je me suis retrouvée sans logement.

Autour de moi, on me parlait de l’Ilot, du Samusocial. Mais je n’osais pas appeler. Jusqu’au jour où j’ai vraiment eu besoin d’un endroit où dormir. J’ai cherché sur Internet, et j’ai trouvé l’Îlot. C’est là que j’ai saisi toute la complexité de ma situation : je n’avais pas de papiers valides, mon parcours allait être long. Je suis restée quelques nuits, puis ils m’ont conseillé de me tourner vers la maison d’accueil Talita.

De là, j’ai été orientée vers le Samusocial. J’ai reçu une place dans un centre d’urgence pour une nuit. Le lendemain, ils m’ont trouvé une place longue durée à l’hôtel Fierlant (mis à la disposition par le CPAS et la commune de Forest pendant le confinement, ndlr). J’y suis restée neuf mois. Malgré de nombreuses tentatives, je n’ai obtenu aucun résultat dans mes démarches auprès du CPAS. Quand l’hôtel a fermé ses portes, une des assistantes sociales de l’équipe m’a trouvé une place à la Casa Vesta. Mais je devais satisfaire certains critères sur le plan administratif, que je ne remplissais pas encore à l’époque. Je n’avais pas de papiers, personne ne savait comment ma situation évoluerait. Le Samusocial a donc pris un risque en m’acceptant dans ce dispositif. Je suis arrivée ici il y a bientôt un an, le 14 mars 2022 !

De quel accompagnement as-tu bénéficié ?

Pendant des mois, j’ai fait beaucoup d’aller-retours à l’ambassade roumaine. S’il y a une chose que je retiens, c’est que les travailleurs·euses de la Casa m’ont énormément soutenue pour que je ne baisse jamais les bras. Avec leur aide, j’ai fini par avoir mon passeport, mon annexe 19 (une demande de séjour de plus de trois mois, ndlr) et mon certificat de naissance.

J’ai aussi rencontré l’ASBL Hobo, qui m’a aidée à rédiger mon CV et à comprendre les documents administratifs que je recevais parfois en néerlandais.

Et puis, il y a eu Marion, travailleuse sociale du projet Rights First. Elle me manque à mort aujourd’hui ! Elle a fait énormément pour moi : on a beaucoup couru ensemble pour régler mes problèmes administratifs. Je ne suis pas sûre de parvenir un jour à la remercier suffisamment pour tout ce qu’elle a fait.

Où en est ta situation aujourd’hui ?

Jeudi, j’ai rendez-vous pour enfin obtenir ma carte orange (autorisation de séjour provisoire,ndlr), et j’aurai bientôt ma carte E (attestation d’enregistrement, ndlr). Ce sont mes tout derniers rendez-vous, et puis ce sera bon ! Depuis décembre dernier, je suis caissière dans un supermarché. Ça me plait beaucoup : je rencontre plein de gens. Je suis quelqu’un d’actif, qui aime rire et parler. Ça me correspond bien !

Dans quelques semaines, je devrai quitter la Casa Vesta. Je cherche un appartement, mais tout a augmenté, c’est cher. Je ne demande pas l’impossible, juste être une personne normale, être qui je suis, indépendamment de ma situation administrative. J’ai assez souffert. J’ai candidaté à la Maison Bambou (une maison mise en location par l’AIS Verhaegen à l’asbl Rhizome et au Samusocial pour y développer un hébergement de transition, ndlr). Je payerai un loyer pour la première fois : c’est une bonne chose, ça me permettra d’apprendre comment tout ça fonctionne. Je serai moins accompagnée qu’ici, je n’en ai plus besoin.

Quel conseil donnerais-tu à celles et ceux qui découvrent ton témoignage ?

Ne jamais perdre espoir : si quelqu’un vous a fait du mal, quelqu’un d’autre vous aidera. Et puis, il faut toujours garder confiance en soi. J’ai mis personnellement beaucoup de temps pour retrouver cette confiance, mais aujourd’hui, je suis capable d’aller jusqu’au bout du monde les yeux fermés ! Ce n’est pas pour rien qu’ici tout le monde m’appelle « la guerrière »…

LE PROJET RIGHTS FIRST

Le projet Rights First propose de nouveaux partenariats et des façons inédites de faciliter les politiques d’intégration. Il s’articule autour de 3 axes de travail : l’accès au revenu minimum, au logement et aux solutions d’emploi.

Coordonné par Bruss’help, il réunit plusieurs acteurs de terrain (DIOGENES, Hobo, l’Ilot et le Samusocial) qui travaillent notamment avec la Fédération des CPAS ou Actiris. Il bénéficie aussi du soutien de Crisis (Royaume-Uni) et de St Joan de Déu Serveis Socials (Espagne) qui partagent leur expérience dans la mise en œuvre d’une approche holistique.

Le projet Rights First s’inscrit dans le cadre du programme européen pour l’emploi et l’innovation sociale « EaSI » 2014-2021, financé directement par la Commission européenne. La Commission Communautaire Commune du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale y apporte également une contribution financière.

Le projet fait l’objet d’une évaluation sur une période de 30 mois (du 1er janvier 2020 au 30 juin 2024).

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