Ce mardi, un homme que nous connaissions a été retrouvé mort, seul, en rue.

11/01/2024

Mardi, nous avons appris le décès d’un homme “d’une quarantaine d’années, polonais, aux cheveux châtains-roux” dont le corps a été retrouvé en rue, dans le quartier de la rue Gray à Ixelles.

Cet homme avait un prénom : Ryszard. Plusieurs collègues du Samusocial le connaissaient. Ryszard était polonais, il vivait en Belgique depuis 10 ans lorsque les équipes mobiles de nuit le rencontrent pour la première fois en janvier 2022. Il venait de perdre son logement suite à des raisons qui lui appartiennent. La suite, on l’imagine.
Cet homme a passé plusieurs dizaines de nuitées dans les centres d’hébergement du Samusocial, mais ce sont surtout les collègues de nos équipes mobiles qui le rencontraient et l’aidaient. Une couverture, un thé ou une soupe, un soin, une discussion.

Une autopsie a déterminé que l’hypothermie n’était pas la cause du décès. Peu importe finalement, cet homme a vécu ses derniers instants seul, dans le froid, ce froid piquant qui nous amène à presser le pas et écourter nos moments passés dehors.
Ryszard n’était pas particulièrement demandeur d’un hébergement ces derniers temps. Maigre consolation, disons-le, car pour nos collègues qui viennent en aide aux personnes en rue, rien n’est plus difficile que de retourner à leur véhicule d’intervention en laissant derrière eux une personne livrée à elle-même, dans la nuit polaire.
C’est un incontournable pour ces travailleuses et travailleurs de l’urgence sociale, presque un baptême du feu en quelque sorte : gérer comme on le peut, chacun avec ses moyens propres, cette impossibilité de pouvoir aider toutes celles et ceux qui en ont besoin. Dire à cette paire d’yeux emmitouflée dans des couvertures humides, non, désolé, on aimerait mais on est vraiment complet, quand elle demande à pouvoir rentrer avec nous dans la chaleur de nos centres. Devoir fermer la porte d’un centre d’hébergement sur ces regards qui demandent à pouvoir se réchauffer car le froid pique vraiment trop ce soir, on ne peut pas rester dehors ou dans son squat, juste quelques heures dans le salon. Oui, je comprends… mais désolé, je dois fermer la porte maintenant, courage.

Ce mardi, malgré toute l’énergie et les moyens que nos collègues déploient chaque jour, chacun à son niveau, un homme est mort en rue, nous avons tenté de l’aider et nous le connaissions.