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Samusocial

Charlotte, enfin chez elle !

25/12/2019

Après 5 ans sans logement, Charlotte nous reçoit aujourd’hui dans son appartement qu’elle a pu intégrer avec l’appui de l’équipe d’accompagnement du centre de la rue du Petit Rempart. Des rues de Kinshasa à un logement privé à Bruxelles, parcours d’une battante.  

Charlotte n’a jamais connu sa mère. A 10 ans, elle perd son papa. Elle rejoint alors le bataillon fourni des enfants des rues de Kinshasa. « Je dormais dehors et pourtant, je ne perdais pas l’espoir d’avoir un jour une maisonUn jour, je dessinais. Un homme m’a demandé pourquoi je n’étais pas à l’école. C’était un prêtre. Il m’a confiée à une religieuse dans un centre catholique. Le directeur m’a acceptée, à une condition cependant : j’allais à l’école le matin et je travaillais pour le centre l’après-midi. Ainsi c’était « donnant-donnant », pendant 2 ans ». Un problème se pose pourtant : Charlotte n’a pas de ticket de transport pour prendre le bus qui l’emmène et la ramène de l’école. « Le cuisinier du centre m’a dit de partir avec le chauffeur qui emmenait les enfants du directeur. Le retour, c’était plus compliqué, mais je devais tout faire pour être à l’heure. Je fraudais, j’avais peur. »

A 17 ans, Charlotte commence à travailler pour l’école dont elle fréquentait les bancs jusque-là : elle devient assistante maternelle. Elle s’occupe des enfants le matin et l’après-midi surveille à l’étude les jeunes étudiantes qui logent dans le même centre qu’elle.

A 19 ans, un changement important se produit dans la vie de Charlotte : elle rencontre celui qui deviendra son compagnon durant plusieurs années. D’abord farouche, elle finit par accepter l’aide de l’homme, qui joue les chauffeurs : « il m’a beaucoup aidée pour les transports. Il m’emmenait au travail et me ramenait au Centre. Nous avons été amis pendant un an, je suis restée au Centre. Et puis il est devenu mon compagnon, de mes 20 à mes 32 ans. Il était belge, PDG d’une entreprise de clous. J’ai vécu chez lui, j’ai été heureuse. »
Charlotte caresse le projet de devenir hôtesse d’accueil. Son compagnon la soutient, il finance l’école. « J’ai été reçue ; J’ai réalisé un stage de 6 mois dans une compagnie maritime. Et puis j’ai été engagée dans une agence de voyage, où j’ai travaillé pendant 8 ans. »

Tout bascule

Et puis, en 1997, l’impensable se produit. Charlotte a 32 ans. Elle fait un Accident Vasculaire Cérébral, sur son lieu de travail. « Un collègue m’a vue. J’étais mourante. Il m’a emmenée à l’hôpital. On m’a opérée de la tête. Je ne parlais plus, ma mémoire s’était effacée.»

Après 15 jours d’hospitalisation, Charlotte rentre chez elle. Une longue période de rééducation débute alors. « On m’a donné des béquilles. Le kiné devait venir tous les jours. Et puis, mon compagnon en a eu assez. Il ne voulait plus payer, il voulait que j’arrête la kinésithérapie. Il a finalement accepté de continuer à payer, mais c’est lui qui partait tous les jours désormais. Il m’a lâchée : il avait trouvé une maîtresse. Un peu plus tard, il en a eu assez de faire des allers-retours entre chez nous et le domicile de son amante: il m’a remplacée, il m’a mise dehors. En 2006. »

Charlotte décide de rejoindre son amie Isabelle, qui vit alors aux USA. L’ancien compagnon paye le voyage. Néanmoins, il est furieux. Elle quitte le pays, les mots de son ex bien ancrés dans sa mémoire : « si tu pars, tu ne reviens plus. » Pourtant, une semaine plus tard, il cherche à la joindre. Elle ne répond pas. Il insiste. Souhaite se faire pardonner. « Il avait trouvé une maison pour moi, à Kinshasa. » Deux mois plus tard, Charlotte rentre. Il l’attend à l’aéroport, et l’emmène dans sa nouvelle maison, dont il paye le loyer. « Je me suis installée. J’étais contente, je n’avais nulle part où aller.»

Deux ans plus tard, Charlotte apprendra un jour que son ex-compagnon est tombé dans le coma, en voyage au Canada. Rapatrié en Belgique, il y décédera. « Je suis venue en Belgique pour assister à ses obsèques. J’avais un visa touriste mais je n’avais pas les moyens de me réinstaller en RDC, la maison dans laquelle j’habitais avait été relouée. »

Où aller ?

« Une compatriote congolaise m’a hébergée à Bruxelles. Je devais l’aider à faire des démarches. Au service de médiation de dettes où nous nous trouvions pour elle, un employé a vu que j’étais malade. Il m’a orientée vers le CPAS d’Uccle. Je suis ensuite arrivée le 02 septembre 2014 au Samusocial, au centre du Petit Rempart car mon amie ne pouvait plus m’héberger. »

Un important travail social débute alors. Cela durera 5 années. « J’ai changé 4 fois d’avocat ! », précise Charlotte. « Mais au Samusocial, j’ai eu des assistantes sociales merveilleuses ! »
La régularisation sur base humanitaire (9 ter) de Charlotte est toujours en cours mais semble bien engagée. Entretemps, le CPAS de Forest est en charge du versement de son Revenu d’Intégration Sociale. Grâce à cette allocation, Charlotte a pu s’inscrire auprès de plusieurs capteurs de logements sociaux. Mais ce sont les liens du cœur qui l’aideront finalement à trouver un appartement : « c’est la fille de ma marraine qui a trouvé la perle rare, pour moi ! », déclare Charlotte dans un immense sourire. Car depuis le 13 novembre dernier, Charlotte peut, selon son propre règlement, selon ses propres mots « sortir et rentrer en retard quand je veux » !

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