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Samusocial

Crise de l’accueil : le chaos en rue, des dizaines de familles, notamment ukrainiennes, sans abri.

04/11/2022

3/11 – 19h10 – Devant l’Office des Etrangers – Pacheco

“Nous arrivons sur place et il y a vraiment beaucoup de familles sans solution, ils nous assaillent pour qu’on leur trouve un hébergement, tout le monde a très froid et certains enfants sont déjà malades.” Justine, travailleuse sociale affectée à l’unité mobile d’aide du Samusocial.

La situation est devenue intenable pour notre équipe mobile qui doit gérer les effets de la crise de l’asile une fois la nuit tombée. Hier soir, ce sont douze familles qui ont littéralement supplié nos trois collègues de leur trouver une solution. Nous reproduisons un extrait du rapport de maraude rédigé la nuit dernière par des travailleur·euse·s désemparé·e·s devant les familles en demande d’aide devant l’Office des Etrangers :  

“Nous essayons de nous organiser comme nous le pouvons, nous essayons de comprendre les compositions familiales et de visualiser les familles avec les plus jeunes enfants. Il y a en tout huit familles qui ont besoin d’aide. Nous décidons de sélectionner les familles avec les enfants les plus jeunes, mais une famille de cinq est présente avec des adolescents dont l’un d’entre eux présente des graves problèmes au cœur et nous réclame une solution car si “celui-ci dort dehors il va mourir”… Situation plus que délicate pour nous,” explique Justine.

Alors même qu’elle peine à répondre aux demandes devant l’Office des Étrangers, notre équipe mobile reçoit trois appels signalant des Ukrainien.e.s en rue, dont des familles, qui sollicitent notre intervention en vue d’un hébergement. 

Nos équipes sont dans l’impossibilité de trouver des solutions pour chacun.e, les capacités d’accueil d’urgence régionales restant limitées et ne permettant pas de pallier une crise d’envergure nationale. 

Chez nos travailleur.euse.s, l’incompréhension règne : “En interrogeant les familles restées sans hébergement hier, nous comprenons que l’Office des Etrangers enregistre d’abord leur demande d’asile puis les informe qu’ils n’ont pas de solution de logement et leur montre la porte. De la même manière que les Ukrainiens, sauf que pour les non-européens, c’est le règlement Dublin qui prévaut, une fois la demande introduite, ils ne peuvent plus introduire leur demande dans un autre Etat membre et se retrouvent coincés dans un pays qui n’est pas capable de les accueillir! Pourquoi fonctionner de la sorte?!” Une travailleuse sociale de l’unité mobile.

Hier, jeudi, l’Office des Etrangers a rouvert ses portes après le congé de Toussaint. Des dizaines de familles ont enregistré leur demande d’asile mais se sont retrouvées sans avoir l’hébergement qui doit normalement leur être octroyé. 

Nos équipes espèrent aujourd’hui qu’une réponse consistante va être mise en œuvre afin d’enfin pouvoir proposer des solutions de mise à l’abri, au chaud et en sécurité pour ces personnes en demande d’aide.

Depuis la crise COVID, le Samusocial a régulièrement souligné le manque de places pour les familles en Région bruxelloise. Aujourd’hui, face au manque de solutions immédiates proposées pour les familles demandeuses de protection internationale, la crise de l’accueil des familles atteint son paroxysme à quelques jours de l’hiver.

Le Samusocial agit dans la mesure de ses capacités régionales et a ouvert vingt places supplémentaires dans notre centre pour familles de Woluwé-St-Lambert. Cette disposition est importante pour les personnes qui en bénéficient mais reste mineure et insuffisante pour répondre à cette crise qui n’a de cesse de se renforcer dans le contexte de l’arrivée de l’hiver. En outre, il est compliqué pour un dispositif d’urgence comme le nôtre d’ouvrir ces places et d’accueillir ces personnes sans connaître leur date hypothétique de sortie, nous n’avons aucune vision à court ou à moyen terme sur les capacités qui se libéreront dans le réseau Fedasil.” Sébastien Roy, Directeur Général du Samusocial

Copyright : Kristof Vadino

 

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