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Samusocial

«Écouter sans jugement» : Margaux accompagne les femmes survivantes.

18/06/2024

Travailleuse au sein des équipes mobiles d’aide du Samusocial, Margaux répond à nos questions sur l’accompagnement des femmes survivantes*. Elle nous partage son expérience en première ligne avec les hébergées, que ce soit dans le centre d’accueil d’urgence pour femmes ‘Louiza’ ou lors des maraudes.

Est-ce que tu es formée à l’accompagnement des femmes victimes de violences ? 

On m’a proposé plusieurs formations sur l’accompagnement des femmes victimes de violence, et ça donne des “tips” à certains moments. Mais parfois il faut sélectionner l’information en fonction de ce qui est adapté pour le Samusocial. Le contexte d’accueil est différent et nous, on est dans un centre d’accueil d’urgence et on est face à un public confronté au sans-abrisme, d’autant plus vulnérable qu’il connaît la violence de la rue. Les collègues sont une bonne ressource pour apprendre à gérer ces situations.

Est-ce que les femmes accueillies se confient sur les violences qu’elles subissent  lorsqu’elles arrivent au Samusocial ? 

Cela dépend des femmes, mais elles ne se confient pas facilement. Cela dépend aussi de comment elles prennent conscience de la situation qu’elles vivent. Il y a de nombreuses barrières qui empêchent les femmes de se confier sur les violences subies, notamment la honte et la peur des conséquences si l’agresseur apprend qu’elles en ont parlé.

Comment accueillir les femmes qui ont recours à l’urgence lorsqu’elles fuient des violences ?

Le plus important est d’écouter sans jugement. On essaye de se positionner pour savoir où en est la femme dans le cycle de la violence** et on peut aider à faire prendre conscience de la situation.

Dire “tu dois t’en aller” est un avis et cela n’a pas sa place, mais on peut conseiller dans le cadre légal avec des phrases comme “il n’a pas le droit de faire ça”. On peut aussi approuver ce qu’elles nous disent : “si cela dépasse tes limites, tu fais le bon choix”. Notre rôle n’est pas de leur ajouter une charge en plus de ce qu’elles vivent déjà. On leur propose un accueil et des solutions, mais chercher à convaincre est contre-productif. On connaît le schéma de réalisation de la violence, on sait que ça prend du temps.

Comment ne pas être découragée quand tu vois les femmes que tu accompagnes retourner dans un foyer violent ?

La chose la plus importante qu’on ait c’est le lien qu’on crée. On est face à un public qui est particulièrement fragilisé car la personne violente participe bien souvent à leur l’isolement social. Les femmes font souvent plusieurs aller-retours entre le centre d’urgence et le foyer violent, et cela fait partie du processus de réalisation de la violence. Ce n’est pas une honte, et notre rôle, si on sent qu’elles vont repartir, c’est de leur préparer un plan de sortie en anticipant avec elles si les violences reprennent.

Malgré la volonté du Samusocial de créer un cadre sécurisant pour les femmes qui fuient leur foyer violent et qui se retrouvent en rue, les centres d’hébergement d’urgence n’ont pas pour mission première l’accueil des survivantes. Ces grandes structures sont tout d’abord là pour effectuer une mise à l’abri et, dans un monde idéal, ce public aurait besoin d’un centre d’urgence entièrement dédié à la problématiques des femmes victimes de violences intrafamiliales ou conjugales. 

Retrouvez notre article sur l’accueil des femmes victimes de violences conjugales en hébergement de transition et découvrez comment les Casas permettent un accueil plus adapté pour ce public***.

 

* Le terme de “survivante” est utilisé pour qualifier les femmes victimes de violences sexistes, notamment les violences conjugales.

** Le cycle de la violence fait référence à une succession d’événements créant une peur chez la victime qui va jusqu’à l’explosion des violences. L’auteur des violences tente de justifier son acte et de le minimiser avant de réussir à convaincre la victime qui finit par s’excuser, convaincue qu’elle avait mérité cette violence. Puis il y a souvent une période de réconciliation. Cela révèle d’un mécanisme d’emprise exercé par un auteur des violences. Pour en savoir plus… 

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