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Samusocial

Ils demandent l’asile en Belgique et sont hébergés au Samusocial. Parcours de vie : Natasja.

29/01/2019

Natasja est la fille d’un père russe et d’une mère azeri, une combinaison qui lui aura valu bien des railleries. En Russie, on lui reproche d’être Azeri. En Azerbaïdjan, on lui reproche d’être russe. « La pire question que l’on puisse me poser, c’est ‘d’où viens-tu ?’ Toute ma vie, j’ai entendu : « retourne d’où tu viens ! Mais où voulez-vous que j’aille ? J’étais belle à l’intérieur et dehors, on me salissait’ Ma mère a toujours voulu que je sois ‘high-level’, que  je sois respectueuse. Mais combien de temps allait-elle encore supporter que je sois insultée ? A 12 ans, j’ai craqué. J’ai déchiqueté tous mes livres de classe. Je ne voulais plus jamais aller à l’école et j’ai dit à ma mère que je sauterais du 7° étage si elle m’y obligeait. Elle a vendu l’appartement. Elle pensait partir aux USA car il paraissait que là-bas, les gens vivaient libres et égaux. Nous étions prêtes à partir. Et puis ce fut le 11 septembre 2001. »

Mère et fille resteront 14 ans de plus à Moscou. Et puis, en novembre 2015, elles montent dans un bus, direction Paris. Natasja a 27 ans.
« La nuit du 13 novembre, nous allions arriver en France. Et puis nous  avons entendu parler des attaques terroristes à Paris. Nous avions peur : François Hollande allait fermer les frontières, comment allions nous rejoindre la capitale ? Nous sommes tout de même arrivées. Il y avait des soldats partout. Le lendemain, nous partions en Espagne : à cause des attentats, nous craignions que notre demande d’asile ne soit pas acceptée. »

Elles arrivent à Madrid, et depuis le centre de pré-accueil où elles résident, sont envoyées à Séville. Elles résideront 3 mois dans un centre d’accueil pour personnes sans abri, jusqu’à ce que la situation soit rectifiée et qu’elles soient transférées dans un centre pour demandeurs d’asile. « Enfin, nous étions avec des gens comme nous. C’est là que  j’ai rencontré l’homme qui allait devenir mon mari. Il est de Ghaza. Je suis partie vivre avec lui, ma mère nous a rejoints ensuite. Mais nous étions à court de ressources et nos dossiers n’avançaient pas. »

En juin 2017, le trio quitte l’Espagne pour Amsterdam. La Croix Rouge les guide pour qu’ils déposent leur demande d’asile. Mais ils sont tous les 3 sous la procédure « Dublin » : ils ont déjà déposé une demande d’asile en Espagne, ils doivent y retourner. « Ma mère était choquée, mon mari aussi, et moi j’étais détruite. En août 2017, ma mère est  partie en Azerbaïdjan : pas question pour elle de redevenir sans abri en Espagne, comme la première fois, ni de retourner en Russie. En octobre, mon mari et moi étions été expulsés vers l’Espagne, malgré les requêtes de mon psychiatre. « 

Retour à la case départ. Là-bas, on leur dit que leur dossier est archivé. Ils n’ont pas de toît. Ils partent vivre chez un ami palestinien. 8 mois plus tard, ils achètent 2 tickets de bus pour Bruxelles. Mais ils n’ont pas de papiers. Le chauffeur les laisse monter.  A la frontière, ils sont arrêtés et ramenés côté espagnol. Epuisés, démoralisés et sans ressources, ils demandent à la police de leur trouver un abri pour la nuit. Les agents refusent…Mais leur expliquent le fonctionnement de la police française, leurs moments privilégiés de surveillance de la frontière… Enfin, la chance leur sourit ! A 4h du matin, ils passent la frontière, montent dans un train à Hendaye. Ils ne sont pas contrôlés. A Paris, ils prennent le Thalys jusque Bruxelles. Pas de contrôle non plus.

05/07/2018, Bruxelles : le couple se rend à l’Office des Etrangers. Qui les envoie au centre de pré-accueil géré par le Samusocial, à Neder-Over-Hembeek. 5 jours plus tard, ils sont au centre d’accueil « Fritz Toussaint » du Samusocial. Le CGRA rompt la procédure Dublin.

Natasja ne sait pas encore si elle obtiendra le statut de réfugiée en Belgique. Mais elle et son mari sont entrés en appartement privé. « En novembre, cela fera 3 ans que je suis arrivée en Europe. Maintenant, mon premier objectif est d’apprendre le néerlandais, et puis j’aimerais aider les personnes qui demandent l’asile, puisque je sais de quoi je parle…Je veux juste vivre tranquillement, ne pas être insultée à cause de mon prénom, de mon nom, de mes grands yeux, ne pas être battue. Et puis je voudrais vivre dans la partie flamande du pays car j’aime la langue…en souvenir de notre passage en Hollande… »

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