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Samusocial

Inauguration de l’expo “femmes” : le discours de Valentine

12/11/2020

Bonjour à tous,

Cela fait 15 ans que je travaille au Samusocial. Nous avons souvent dû fonctionner avec des solutions de fortune pour pouvoir héberger en urgence des personnes sans abri. 

Avec la mise à disposition par le Parlement européen du bâtiment Helmut Kohl, c’est la 1ère fois que nous pouvons ouvrir un centre spécifique pour l’accueil de femmes, exclusivement de femmes.

Sans hommes.
Ce n’est pas un détail.

Parmi les femmes que nous accueillons, il y a des femmes expulsées de leur logement, des femmes qui ont perdu leur boulot, qui souffrent d’assuétude, des femmes en exil, des femmes qui ont tout plaqué pour suivre un homme et qui se retrouvent désoeuvrées suite à une rupture, des jeunes femmes, des travailleuses, des étudiantes, des jeunes filles, qui suffoquent et qui « choisissent » la rue plutôt que de continuer à vivre la pression familiale.

Ces femmes arrivent ensuite au Samusocial, où, faute de places pour répondre à toutes les demandes, nous tentons d’accueillir les personnes les plus fragiles. Parmi elles, les femmes, ces femmes.

Ces femmes qui jusqu’ici ont été hébergées dans nos centres, parfois trop grands, et qui ont dû partager avec des hommes ou des familles des espaces de vie collectif, le salon, le restaurant, l’ascenseur, l’attente vers l’infirmerie, l’assistant social, le psychologue.

Ce n’est pas anodin.

Ce n’est pas anodin pour certaines femmes qui ont un passé parfois fait de violences intrafamiliales ou conjugales, et qui, dans leur tentative de répondre à leurs besoins les plus fondamentaux, vivent la cohabitation avec des hommes inconnus comme une-nouvelle- violence.  

Ces femmes qui, jusqu’à l’éclatement de la Covid, devaient encore quitter nos centres d’accueil de nuit chaque matin dès 8h, invitées à sortir par nos équipes, ces mêmes équipes mobiles d’aide qui les incitaient la veille à venir dormir au chaud. Difficile parfois de pouvoir établir ou construire un vrai lien avec ces femmes si ce même lien est rompu dès le lendemain matin quand la porte de nos centres se referment sur elles, leur renvoyant en pleine figure leur condition de sans abri. Quels sentiments d’échec pour nous travailleurs.

L’ouverture du centre de Meeûs marque un tournant. Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés dans une infrastructure qui nous permettait d’offrir l’accueil idéal pour ces femmes sans solutions d’hébergement. Elles l’appelaient: “l’hôtel 5 étoiles”.

Un accueil 24/24, dans un centre non mixte, avec des chambres d’un ou deux lits, dans un bâtiment confortable, dans un quartier agréable. J’ai eu pour la première fois le sentiment de réaliser avec les équipes, un accueil et un accompagnement des plus qualitatif auprès des personnes que nous soutenons.  

Les centres d’hébergement d’urgence doivent également pouvoir offrir du confort. Pour permettre aux personnes que l’on aide d’être accueillies dignement, il faut pouvoir leur offrir un lieu sécurisant, pour se poser, prendre soin de soi avant d’envisager toute reconstruction.

Les moyens mis qui ont été mis à notre disposition ont permis à ces femmes de poser leurs valises, se reposer et se retrouver en tant que femme. Un travail d’accompagnement plus serein devient alors possible et porte ses fruits. Un exemple : sur les 279 femmes accueillies entre le 1er mai et le 30 août dans le bâtiment Helmut Kohl, 64 femmes ont pu être orientées vers des solutions de sortie de rue plus pérennes.

Aujourd’hui, le centre de Meuûs a fermé ses portes. Mais le centre pour femmes existe toujours. Il a juste été déplacé à Molenbeek. Il est un peu plus petit, c’est vrai, il n’accueille que 75 femmes au lieu de 110 dans le bâtiment Helmut Kohl, le cadre est un peu moins confortable, mais l’effectif d’encadrement a été maintenu, donc la prise en charge reste qualitative. 

Pour moi, travailleuse de terrain, c’est un premier pas, on avance dans la bonne direction mais il faut poursuivre sur cette lancée, assurer l’avenir à long terme du fonctionnement de ce type de structures. Aujourd’hui encore, d’autres femmes doivent dormir dans des centres mixtes. Certaines sont refusées chaque soir, par manque de places. Sans parler des hommes, beaucoup plus nombreux en rue, et qui doivent dormir par centaines dehors.

Je souhaite remercier le Président du Parlement européen et son équipe pour la mise à disposition de ce bâtiment mais également le personnel du Parlement qui a mené de nombreuses actions de collecte de dons qui ont permis chaque semaine de répondre aux besoins des femmes que nous avons aidées. Merci aux autorités régionales qui ont augmenté les moyens afin de pouvoir confiner les personnes sans abri.

Enfin, je remercie Anne-Cécile Huwart et Gaël Turine, qui ont passé à de nombreuses heures auprès des femmes, dans notre centre. C’est grâce au lien de confiance qu’ils ont établi avec ces 15 femmes, que celles-ci ont accepté de partager une partie de leur histoire ici. Le résultat nous parle, les photos nous permettent de rencontrer chaque personne au plus près de ce qu’elle est. Et si les témoignages sont très forts, parfois difficiles à lire, c’est avant tout leur histoire personnelle qu’elles ont choisi de dévoiler. 

Le fait de partager leur histoire constitue, on l’espère, une étape dans le processus de reconstruction dans lequel nous tentons de les accompagner. 

Pour terminer, je souhaite remercier l’équipe de notre centre pour femmes. La qualité de l’accueil que nous avons offert n’aurait pu être atteinte sans l’investissement, la bienveillance, l’écoute et l’énergie de chacun. Merci à tous.

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