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Samusocial

Jean, 56 ans, ex-toxicomane et hébergé depuis le début d’année au sein de notre centre d’accueil pour hommes isolés.

30/03/2023

Jean n’a que 56 ans, mais on lui en donnerait facilement 15 de plus. Il s’exprime bien, mais sa diction est celle d’une personne âgée. Toute sa vie, Jean a lutté contre l’addiction. Ses yeux clairs et vifs témoignent à eux seuls de toute la volonté qui l’anime pour enfin se poser dans un chez-lui, près de sa fille et de sa petite fille, et reléguer son parcours de toxicomane au statut de lointain (et mauvais) souvenir.

« Il y a des années, je vivais en concubinage à Charleroi, je travaillais dans les usines de métallurgie, j’étais intérimaire. Et puis tout a foiré. Je me suis retrouvé au chômage. J’ai commencé à boire, à prendre des médicaments, et puis le pire : je suis tombé dans la drogue. »  Ainsi débute la dégringolade de Jean, qui malheureusement ne s’arrête pas là. « Ma compagne m’a quitté. On vivait dans sa maison, je me suis retrouvé sans logement. »

Après une première hospitalisation due à une hépatite, Jean est admis dans un centre de désintoxication à Charleroi. Quand il est ‘clean’, il intègre un autre centre d’hébergement, où l’on attend des résidents qu’ils recherchent activement un travail, un logement. « Mais je n’étais pas très assidu. Je rechutais beaucoup… J’ai été mis dehors. Vous savez, ce n’était pas facile, mon voisin de chambrée, c’était mon dealer. »

Retour à la case-départ, Jean réintègre le centre de désintoxication à Charleroi. « Dans ma situation, c’était le seul moyen d’avoir un toit sur la tête et quelque chose dans mon assiette, reconnaît Jean. Et puis c’est là que j’ai rencontré ma femme », sourit-il.

Jean retourne à l’hôpital. « Je ne sais plus ce qu’il s’est passé. Sûrement une overdose…Des overdoses, j’en ai fait à la pelle. » Jean loue ensuite une chambre à un marchand de sommeil, repasse par un centre de désintoxication, et arrive aux Petits-Riens, où il travaille et restera deux ans ; plus tard, il s’installe chez sa femme, qu’il rencontrait uniquement en rue jusque-là. Mais la romance tourne court. Quand ils se séparent, leur fille a un an.

Jean part alors vivre chez sa mère, à Charleroi. « Je l’ai énormément fait pleurer », déplore-t-il. « J’ai volé beaucoup d’argent à mon père, pour la drogue. Quand il s’en est rendu compte, il a voulu me tuer, alors j’ai fui ». Jean prend un appartement, et fréquente les « N.A » (Narcotiques Anonymes). Il y rencontre une nouvelle femme, chez qui il s’installe. « Mais la relation avec son fils, qui avait le syndrome de Gilles de la Tourette, est devenue trop compliquée à gérer pour moi. Elle m’a mis dehors. »

Jean arrive à Bruxelles. Il fait la manche. Car Jean a été radié de la mutuelle dont il bénéficiait depuis toutes ces années, ayant manqué une, peut-être plusieurs convocations. De nouveau des centres d’accueil pour personnes sans abri et/ou toxicomanes. Jean devient incontinent et épileptique. Depuis l’hôpital Sainte-Anne, il est orienté vers le Samusocial. « Je suis arrivé en janvier avec tous mes bagages. Je reçois 25€ par semaine de mon administrateur de biens (entretemps, les équipes sociales ont pu remettre la Mutuelle de Jean en ordre), et un peu de monnaie grâce à la manche. La drogue, c’est fini, je m’achète seulement des cigarettes, et du lait battu. Demain je ferai une dépense exceptionnelle, j’ai mis un peu de côté pour m’acheter un nouveau téléphone. Je vais appeler ma fille. J’ai été chez elle ce weekend, j’étais tellement bien que je ne voulais plus partir. »

Jean a un projet : demain, il a un rendez-vous important, pour discuter de sa prochaine intégration dans une maison de repos. « Ce sera un tremplin. Et puis après, j’aimerais aller m’installer à Manage, près de ma fille et de ma petite fille. C’est vrai, j’ai gâché ma vie, mais aujourd’hui, je suis sur mes pattes. »

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