La Médihalte : se loger, se soigner…se poser.
27/03/2019
Alexandre, stagiaire à la cellule communication, partage avec vous son reportage après son immersion au sein de ce programme médicalisé géré par le Samusocial.
A quelques pas du CHU Brugmann se tient un petit bâtiment haut de quelques étages portant l’enseigne du Samusocial. Si l’on n’y fait pas attention, il est possible de passer à côté sans l’apercevoir. L’immeuble abrite pourtant un projet cher à l’asbl : la Medihalte.
Fondée en juin 2015, la Médihalte est un centre d’hébergement qui a un but bien précis : loger et soigner des personnes sans abri souffrant d’affections médicales aiguës ou de pathologies chroniques. Le dispositif suit la logique interne du Samusocial, à savoir partir de l’urgence et offrir une aide à la fois médicale et sociale pour viser, in fine, la réintégration de la personne au sein de la société. Pour travailler à cela, l’équipe de la Medihalte est composée d’un médecin, d’infirmiers, d’aides-soignants, d’une assistante sociale et d’un éducateur.
Le centre dispose de 38 lits. Sur ces 38 places, 23 sont destinées à des personnes souffrant d’affections médicales aiguës nécessitant un hébergement temporaire allant de 5 jours à 2 mois, mais ne nécessitant pas d’hospitalisation. Ce sont les lits « court-séjour ». Les 15 lits « long-séjour » sont quant à eux destinés à des personnes sans abri souffrant de pathologies chroniques graves et incapables de se prendre en charge dans l’immédiat. Un lourd traitement et une aide psychologique sont alors nécessaires. Il n’y a aucune limite de temps pour ces patients. Le plus ancien est là depuis le début de l’existence de la Medihalte.
Aleksy est Polonais d’origine. Voilà plus d’une vingtaine d’années qu’il a émigré en Belgique. Il explique qu’il n’a pas toujours été en rue. Avant, il avait un appartement, travaillait et payait ses taxes. Mais suite à un divorce douloureux, Aleksy a commencé à boire de manière inquiétante. Englué dans cette dépendance, il a fini par perdre son domicile et se retrouver à la rue. Garder une hygiène de vie saine est alors un véritable défi. Pas étonnant donc que de nombreuses personnes sans abri finissent par avoir de sérieux problèmes de santé. C’est le cas d’Aleksy.
C’est au CHU Brugmann que son cancer a été diagnostiqué. L’hôpital le prend alors en charge, il fait plusieurs séances de chimiothérapie. Rapidement, il est en rémission. Mais la bonne nouvelle est de courte durée : le cancer revient, cette fois sans aucun signe d’amélioration. Avec les années, Aleksy passe du CHU Brugmann à l’hôpital Saint-Pierre. C’est là que selon ses mots, on lui donne « un coup de main » pour rentrer à la Médihalte, où il est intégralement pris en charge, tant financièrement que médicalement. Il y trouve plus d’espace et de liberté que dans une chambre d’hôpital. Aleksy se dit ébahi par le système social belge d’aide aux personnes sans abri. Son expérience polonaise est très différente : il explique que là-bas, si vous êtes reconnu comme alcoolique ou si vous avez bu, vous n’avez pas même accès à l’aide alimentaire. La sobriété est obligatoire. Une condition qui semble bien utopique lorsque l’on connaît les problèmes d’assuétudes liés au sans-abrisme.
Auparavant, Aleksy n’avait eu recours aux services du Samusocial que pendant l’hiver, en centre d’accueil d’urgence. Il compare son expérience passée avec son séjour à la Médihalte : ici, c’est très calme. Aleksy pense que pour un homme dans sa situation, il aurait été compliqué de trouver de meilleures conditions : « Qu’est-ce que tu veux de plus ? Tu entres et sors comme tu veux, tu manges, tes draps et vêtements sont lessivés une fois par semaine, tu peux te laver, et il y a même un psychologue si tu veux parler. Ils sont bien organisés ici !»
Djabel est également un patient de la Medihalte. Tout comme Aleksy, c’est un hôpital qui l’a orienté ici. Opéré à Erasme de la jambe, il y est resté 4 mois, pour ensuite être conduit à la Medihalte. « Je ne m’y attendais pas, j’ai beaucoup apprécié », raconte-t-il. « Ici, tout le monde est respectueux, c’est bien ».
Djabel raconte que son style de vie nomade est remis en question par sa blessure. Son objectif principal à court terme est donc de se concentrer sur sa santé avant d’imaginer son futur. Dans cette optique, le centre Medihalte est le parfait dispositif.
Guérir, prendre son temps pour réfléchir à sa vie dans le calme, imaginer sa réinsertion dans la société : voilà ce qu’offre le centre depuis ses trois années d’existence. Récemment, les lits “longs-séjours” sont passés de 8 à 15. Bientôt, la Médihalte déménagera, permettant une augmentation des lits “courts-séjours”, de 23 à 30 lits. La Médihalte peut ainsi accueillir davantage de personnes qui connaissent des situations de vie similaires à celles d’Aleksy ou Djabel.