La vie des femmes au centre d’hébergement du Square de Meeûs
21/05/2020
Alors que la période de déconfinement est entamée, la population se retrouve dans un paysage toujours plus marqué par les gestes barrières et le port du masque. Si certains commencent à entrevoir la réouverture de lieux publics, la majorité des sans-abri est toujours dépendante des structures mises en place pour leur permettre de respecter le confinement dans de bonnes conditions.
Le Parlement européen fait partie des acteurs ayant mis à disposition leur espace pour permettre à tous de se protéger du virus. Le bâtiment Helmut Kohl est à présent un centre d’hébergement exclusivement réservé aux femmes d’une capacité de 100 places. En quelques jours, l’ensemble du bâtiment s’est transformé : des douches et des sanitaires ont été installés, la salle de réunions s’est transformée en salon TV et chacun des bureaux a été aménagé en chambre pouvant accueillir une à trois personnes.
Si certaines femmes préfèrent se promener au Square de Meeûs qui fait face au centre, les travailleurs du Samusocial ont mis en place différent types d’activités pour occuper le quotidien de toutes. Au programme : sport, cours de français et ateliers soins du corps. Marthe, assistante sociale, fait partie de celles qui ont mis en place ces activités : “ce matin, je donne un cours de gymnastique-assise et vendredi, on organise un atelier soin et bien-être”. Alors que Marthe finit de se préparer, un attroupement se crée au bout du couloir. Les femmes du centre sont prêtes à commencer leur activité sportive quotidienne.
Espacées les unes des autres, chaque femme est assise. Marthe nous explique : ”c’est une des activités que je dispensais auprès des personnes âgées ou des psychotiques dans d’autres centres avant de rejoindre le Samusocial. On ne peut pas tout faire, mais le fait d’être assis permet de maintenir la distanciation sociale tout en faisant du sport ensemble”.
Marthe rentre dans la pièce et lance une musique sur son téléphone : la séance débute.
Peu après l’échauffement, le rythme s’intensifie. Une dame âgée s’exclame : “ça fait mal, mais ça fait du bien !” Marthe les motive : “allez les filles ! Encore une série, et on se repose”. Une autre dame lui répond : “c’est ma punition, j’ai fait l’école buissonnière hier, maintenant il faut travailler !” Toutes les femmes fredonnent sur l’air d’une musique dynamique. La séance se termine tranquillement.
Il est à présent l’heure d’aller manger. À côté de l’entrée principale, un grand réfectoire attend ces dames. Chacune s’assoit à sa place pour respecter les mesures de distanciation. Une dame s’installe : “désolé les filles, je vous tourne le dos mais ce n’est pas contre vous !” Une femme semble se régaler au loin : “on mange très bien ici, chaque repas est vraiment délicieux.” Une autre rentre dans la salle à manger et s’adresse à tout le monde : ”bon appétit mes soeurs !” L’ensemble du réfectoire se met à rire, le port du masque est en suspens le temps du repas : le sourire est de retour, il se dessine enfin sur les visages.
L’après-midi sera ponctuée d’un cours de français pour celles qui le souhaitent, et la gymnastique-assise fera son retour dès le lendemain matin. Il fait meilleur vivre au centre pour femmes du Square de Meeûs, ici, les femmes chantent, dansent et rient parfois, loin des tracas de la vie quotidienne.