L’accueil de jour au centre Botanique : repos et tranquillité
30/08/2019
Depuis le 28 juin 2019, 90 places sont ouvertes dans le centre Botanique du Samusocial pour des “migrants en transit”et d’autres personnes sans abri du quartier du parc Maximilien et de la gare du Nord.
L’objectif du mandat de la Région de Bruxelles-Capitale à l’initiative de ce programme est d’offrir un espace d’accueil et de repos à ce public mais également l’accès à une permanence d’accompagnement et d’orientation vers les services externes. L’accueil organisé sur place n’est pour l’instant qu’un dispositif transitoire qui devrait laisser la place à un programme plus adapté construit sur le long terme. Pierre, stagiaire en communication s’est rendu à la rencontre des personnes présentes au centre Botanique lundi matin.
10h, le calme est présent au centre Botanique. Je rentre dans l’espace d’accueil, là où les personnes hébergées se reposent. Certains sont éveillés et consultent leurs téléphones. Les résidents réveillés chuchotent, ils respectent le sommeil des autres. L’un d’entre-eux s’approche de moi et m’invite à sa table : “la plupart finissent leurs nuits ici, on essaye de ne pas trop les déranger”. Il m’explique qu’il vient du Parc Maximilien : “c’est plus calme ici, et on s’y sent en sécurité”. Des banquettes, quelques canapés et des chaises, l’espace ressemble à un salon immense et chacun à la place pour allonger ses jambes et faire une sieste.
Vers 11h la télé se met en route à la demande de certains résidents. Aujourd’hui c’est un reportage sur les oiseaux d’Afrique, leur chant réveille petit à petit les derniers endormis. L’un des hommes me présente aux autres en leur donnant des noms de star : ”lui là-bas, il est très connu, il a déjà fait la une de Paris Match ! Tiens, prends-le en photo !”, la personne en question rigole et me fait signe qu’elle ne veut pas de photo. Après lui avoir demandé ce qu’il pensait de l’espace, il me sourit et plonge sa main dans son sac pour y sortir un chapeau de paille et des lunettes de soleil. Il retire sa casquette, me la tend, et met son chapeau : ”regarde, un chapeau d’été, des lunettes de soleil .. C’est Bora-Bora ici !”, les personnes qui nous ont rejoint explosent de rire. Je lui demande alors ce qu’il fait de ses journées : “Toute la journée, je me soigne avec mon téléphone. Comme ma jambe gauche ne peux plus vraiment bouger depuis mon opération, je fais de la rééducation de la jambe par la vidéo ! Je regarde des gens danser et ça me fait guérir”, il me montre du regard sa jambe et me sourit : ”j’arrive presque à la bouger !” Les hébergés ont accès à un réseau wifi de manière permanente. Si certains l’utilisent pour jouer, c’est pour la plupart le seul moyen de communication avec leurs proches; il peut être utile pour pour certaines démarches.
Un travailleur social nous rejoint, il est l’heure d’aller manger.
Aujourd’hui, ils seront 12 à prendre le repas du midi. Petit à petit les hébergés montent à l’étage pour rejoindre le réfectoire. De petits groupes se forment, toujours dans le calme. “Nombre des résidents ici ont l’habitude de boire du thé au repas, ils ne sont pas vraiment café. Ils mangent quelques tartines de pain, de la soupe et discutent. Ensuite ils redescendent pour s’occuper.” me confie un travailleur.
De retour en bas je découvre une toute autre ambiance. Le téléphone semble être mis de côté et les gens commencent à échanger sans prendre la peine de chuchoter. Ceux qui viennent de se lever échangent leur dîner contre un petit-déjeuner, d’autres préfèrent rester seuls. C’est alors qu’un petit groupe se rassemble autour d’une table. Deux chaises, face-à-face, les hébergés s’affrontent au jeux de dame. Ils m’invitent à les rejoindre. Le fonctionnement est simple : le gagnant reste, le perdant laisse sa place au suivant. Je comprends rapidement qu’un seul des deux sièges se libère à chaque fin de partie. Un hébergé bat absolument tout le monde. Certains sont frustrés et ont du mal à quitter leur place : ”il gagne tout le temps, il est très fort. Il bat aussi les coordinateurs !” me confie l’un des joueurs.
L’après-midi, certains sortent prendre l’air ou rejoindre leurs proches au parc Maximilien ou à la permanence du Hub humanitaire, d’autres préfèrent rester au centre se reposer. Si le service d’accueil est apprécié par les personnes présentes ce jour-là, le dispositif reste sommaire et son financement très limité dans le temps. C’est à la rentrée que l’avenir du projet et la question de son format à plus long terme seront discutés avec les autorités régionales et les autres services actifs auprès du public du parc Maximilien.