Le Projet mobile « Recherche-Action » : où en sont-ils ?
18/12/2019
Nous vous en parlions dans l’édition précédente de notre Trait d’Union…Voilà bientôt 3 mois qu’Ella, Gaëlle et Frédérick sont en charge du projet « Recherche-Action » du Samusocial. Cette équipe mobile mandatée par la Région a une mission bien particulière : développer une réflexion sur la problématique des migrants en transit au parc Maximilien et aux alentours de la gare du Nord… qui aboutira in fine à des constats et recommandations. Mais où en sont-ils ?
« On achève la première phase du projet ! Depuis début octobre, nous avons identifié les différents acteurs autour du parc : nous avons organisé 35 rencontres avec le secteur associatif et surtout, nous en savons beaucoup plus sur leurs différentes interventions. Nous sommes donc aujourd’hui déjà en mesure d’analyser les besoins existants du public qui nous intéresse », explique Frédérick, le coordinateur du projet.
Justement, l’analyse des besoins existants a rapidement permis de mettre le dcoigt sur un important manque dans le quotidien des femmes vivant dans et aux abords du parc Maximilien : l’accès à des toilettes sécurisées. C’est donc en rebondissant sur la Journée Mondiale des Toilettes, fixée au 19 novembre, que le projet « Toilettes solidaires » a été lancé. L’idée : développer un réseau de partenaires autour du parc Maximilien, qui donnent accès, selon leurs horaires d’ouvertures, à leurs toilettes. Le public des femmes présentes au parc est estimé à environ 80 personnes, toutes potentiellement bénéficiaires du projet. A l’heure d’écrire ces lignes, 24 « free pass » ont déjà été distribués, et 18 femmes ont été accompagnées physiquement vers les différents partenaires. Comment l’équipe est-elle entrée en contact avec ces femmes ? « Quatre jours par semaine, les personnes qui souhaitent bénéficier des services du Hub humanitaire* l’après-midi viennent prendre un ticket, entre 11h et 13h », explique Gaëlle, travailleuse sociale. « On profite de ce créneau pour approcher les femmes. Leur nombre varie : elles peuvent être 3, elles peuvent être 30, sous la tente de la Croix-Rouge. On leur propose de les accompagner en voiture vers les sanitaires de nos partenaires. Nous emmenons au maximum 5 femmes en même temps. Nous faisons toujours une petite pause café/thé pendant notre ‘tournée ‘. C’est souvent ce moment-là que les femmes privilégient pour nous raconter leurs tentatives de passage en Angleterre. »
Aujourd’hui, le projet compte 6 partenaires, pour la plupart associatifs. «Ils font bien plus que mettre des toilettes à disposition ! précise Ella, la psychologue du projet. Chez Aimer Jeune, les accueillantes profitent toujours de la venue des femmes du parc pour savoir si elles ont besoin de préservatifs, d’un test de grossesse ou d’une pilule du lendemain ! Et les femmes sont très curieuses, elles posent beaucoup de questions ! Depuis peu, nous pouvons également compter sur le soutien de Bruz’Elles, qui nous offre des trousses de serviettes hygiéniques »
Mais que pensent les principales concernées ? Gaëlle sourit : « Il faut dire que l’entrée en contact reste souvent difficile. Il y a la barrière de la langue. Mais on commence à se faire connaître. De nombreuses femmes que nous accompagnons sont de meilleure humeur après notre parcours ensemble. Elles ont pu faire un brin de toilette, elles ont ri, tout va mieux. » Ella se souvient du témoignage d’une femme, qui un jour lui dit : « c’est quand tu as enfin accès à des toilettes que tu te rends compte que tu as besoin d’y aller ». Gaëlle quant à elle partage le souvenir d’une femme qui avait tenté le passage vers l’Angleterre la nuit précédente et qui n’avait donc pu profiter des toilettes de la Sisters’House (hébergement pour les femmes mis à disposition par la Plateforme Citoyenne) où elle logeait alors : « Toute la nuit, je me suis retenue.»
Quelle suite pour ce projet de Toilettes solidaires ? « On est satisfaits, le projet est sur les rails, explique Frederick. On est à un moment où on peut faire le point, voir quels sont les autres endroits où nous pourrions démarcher d’autres potentiels partenaires. Idéalement, on aimerait en avoir 10, mais si on en a 8 on sera déjà contents ! »
Et quid de la suite de la Recherche-Action, plus généralement ? « On aborde la deuxième phase du projet, qui consiste à faire le monitoring et le recensement du public rencontré. Nous récoltons beaucoup de données grâce à notre travail de maraude ! On accompagne beaucoup de personnes, des gens isolés ou des familles, vers les différents centres du Samusocial, ou vers le Hub… », résume Frédérick.
La petite équipe continue donc sa mission, entre Action et Recherche…le projet s’achèvera fin février, avec la remise de constats et recommandations, qui seront ensuite déclinés en un plan d’action spécifique en ce qui concerne l’aide à apporter au public du parc Maximilien.
*Le Hub humanitaire est un lieu où différentes ONG et associations (la Croix-Rouge de Belgique, MdM, MSF, la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés, en partenariat avec SOS Jeunes) fournissent aux personnes vulnérables des services gratuits, dans la mesure des places disponibles.