“Le squat Palais et le campement du Petit Château ne sont que la partie visible d’un phénomène beaucoup plus large” Clément Redondo, coordinateur de l’équipe mobile Cover

28/02/2023

On entend beaucoup parler du dispositif Cover ces dernières semaines. C’est cette équipe qui s’est rendue chaque jour à l’intérieur de l’immense squat dit “Palais des droits” pour tenter de venir en aide aux centaines de personnes, principalement des demandeurs d’asile,  qui y résidaient dans des conditions difficiles. 

C’est depuis juillet 2022 que le Projet Lama et le Samusocial développent le dispositif Cover. Cover, c’est l’acronyme de “Coordination, Veille sanitaire et Réduction des risques”. Son objectif est de prévenir les risques de santé publique au sein de la population sans abri en Région bruxelloise et d’offrir un accompagnement aux personnes qui “occupent” des immeubles pour ne pas vivre en rue.

“Le squat Palais, ce n’est que la partie visible d’un phénomène beaucoup plus large. En quelques mois, nous sommes intervenus dans treize occupations précaires dans lesquelles vivent entre 1.500 et 2.000 personnes. Sans compter la multitude d’autres petits squats.” Clément Redondo, coordinateur du dispositif Cover. 

L’action de Cover concerne notamment la prévention des risques d’épidémie (gale, diphtérie, covid-19, tuberculose, punaises de lit, etc.) et la réduction des risques au travers d’un travail de veille sanitaire dans les espaces occupés par les personnes sans abri. “La réduction des risques est une stratégie qui peut inclure plusieurs mesures pour minimiser les risques pour les occupants, le bâtiment, et les alentours. Par exemple : pour les usagers de drogues qui occupent le lieu, c’est de leur donner des conseils de santé et accès à du matériel de consommation propre, c’est intervenir dans le squat avec les communautés :   proposer des aménagements sanitaires, prévenir les dangers liés à la sécurité ou à l’hygiène, identifier les vulnérabilités individuelles et accompagner les gens vers le soin.” Eric Husson, Directeur du Projet Lama.

Cover accompagne les personnes dans leur propre langue à partir de leur lieu de vie vers une prise en charge psycho-médico-sociale. “Outre la veille sanitaire, les dépistages, les vaccinations, les traitements, la réduction des risques, nous accompagnons des personnes individuellement pour des problématiques relatives à l’accès aux droits sociaux, aux soins de santé et à un soutien psychologique.” précise Rémi Dekoninck, co-coordinateur du projet.

Les problèmes d’assuétude et de santé mentale concernent 90% des personnes accompagnées par notre équipe. 

Pour Sébastien Roy, Directeur Général du Samusocial :  L’équipe Cover intervient auprès des publics aux situations et aux besoins très variés, des personnes sans abri de longue durée, des demandeurs d’asile, des personnes sans papiers, dont certaines présentent des problèmes d’assuétudes et dont la plupart vivent dans des conditions d’hygiène précaires. Les problématiques s’entremêlent et c’est ici que le partenariat entre le Projet Lama et le Samusocial prend tout son sens. Cette action est plus que nécessaire et est loin de pouvoir répondre aux besoins, elle mérite d’ailleurs d’être renforcée. Le sans-abrisme ne s’arrête pas aux personnes que l’on voit dans l’espace public. Le défi est immense quand on voit le nombre croissant d’occupations d’immeubles, souvent dans des conditions d’hygiène qui présentent un risque immédiat pour la santé des personnes qui y vivent”. 

C’est aussi un des enjeux de l’action de Cover : documenter et visibiliser la réalité grandissante des occupations précaires afin que les politiques et les services d’aide intègrent cette réalité dans leurs programmes et leurs fonctionnement, notamment en développant une offre mobile. Le reporting des observations de terrain et l’information aux différents acteurs socio-sanitaires s’organisent notamment au sein de la concertation sanitaire hébergée par Bruss’Help et à laquelle participent les représentants de la Cocom.

8 mois d’activités Cover en quelques chiffres : 

• Interventions dans 13 occupations précaires qui abritent un total de 1.500 à 2.000 personnes.
  
• Plus de 100 personnes faisant l’objet d’un accompagnement individuel au niveau psycho-médico-social.
• 9 occupations concernées par les problématiques de gale et de punaises de lit. 
• Vaccination contre le Covid-19 de 68 personnes vivant en centre d’accueil agréé.
• Traitement contre la gale pour 70 Mineurs étrangers non accompagnés (MENA)
• Une permanence hebdomadaire pour MENA au sein de l’asbl Macadam en vue d’offrir un accompagnement PMS aux jeunes vivant en rue ou en squat.
• Screening de 87 personnes à l’hôtel Ibis à Ruysbroeck dans le cadre de l’évacuation du squat de la rue des Palais