Les revendications clés du secteur bruxellois d’aide aux personnes sans abri en vue des élections 2024
11/03/2024
Face à l’augmentation du nombre de personnes sans abri et mal logées en Région de Bruxelles-Capitale et à la complexification des problématiques qu’elles rencontrent, des associations du secteur de l’aide aux personnes sans abri ainsi que les deux fédérations représentatives du secteur ont décidé d’unir leurs forces afin de communiquer de manière commune sur les actions prioritaires à mettre en place afin de lutter contre le sans-abrisme et le mal-logement à Bruxelles.
En effet, le 9 juin 2024 se dérouleront des élections cruciales qui éliront nos représentants politiques pour les 5 prochaines années au niveau régional, fédéral et européen. Il ne suffit plus de gérer la problématique du sans-abrisme mais de véritablement agir afin de lutter contre cette forme de précarité la plus extrême.
Afin que nos décideurs politiques fassent de cette lutte une priorité et agissent de manière concrète et efficace, nous avons besoin de vous pour nous aider à porter ces messages. Alors n’hésitez plus, prenez connaissance de nos dix priorités, partagez-les sur les réseaux sociaux, débattez-en avec vos proches et interpellez vos élus !
Sans papiers, sans droits, sans abri
Aujourd’hui, parmi le public sans abri accueilli à Bruxelles dans les centres du Samusocial, 70 % sont des personnes “sans papiers” ou sans titre de séjour valable. Notamment des personnes âgées, des personnes malades, des femmes victimes de violences conjugales / intrafamiliales ayant dû fuir leur foyer… Pour protéger les plus vulnérables et sortir de l’impasse opérationnelle actuelle, il faut que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités. Le statu quo n’est plus tenable, des solutions existent !
Notre action quotidienne nous rappelle sans cesse ce constat implacable : aucune mesure ne permettra de résoudre le “sans-abrisme” tant qu’on ne trouvera pas des solutions humaines et durables à la question des “sans papiers”.
Des solutions très concrètes sont proposées avec le concours de 22 associations pour protéger et sortir de l’errance les plus vulnérables.
Découvrez nos recommandations : Sans papiers, sans droits, sans abri
Crise du logement
Le logement est un droit fondamental, pourtant non garanti. À Bruxelles, les chiffres sont affolants :
- plus de 52 000 personnes attendent un logement social ;
- les loyers ne cessent d’augmenter (+3,3 % en 2023), les personnes les plus précaires dépensant jusqu’à 70 % de leur budget dans le logement ;
- 40 % des Bruxellois.es rencontrent un risque de précarité et d’exclusion sociale ;
- 7 134 personnes sans abri et mal-logées ont été dénombrées en 2022.
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Le secteur sans-abri demande des mesures structurelles pour assurer un accès au logement abordable pour chaque Bruxellois.e en situation de mal et de non-logement.
Détresse psychique et usage de drogues
Les crises successives ont démultiplié les situations de détresse psychique et les dommages liés à l’usage de drogues.
Les services d’aide aux personnes sans abri sont confrontés à une explosion des problématiques de santé mentale et d’assuétudes. Le plus souvent sans avoir les moyens ou l’expertise pour y faire face.
Pour y remédier, nous militons pour un renforcement du secteur de la santé mentale et exigeons une politique publique ambitieuse en matière de réduction des risques liés à l’usage de drogues.
Difficultés d’accès aux droits sociaux
En Belgique, l’accès à certains droits sociaux tels que la mutuelle, le CPAS sont indissociables de l’accès à un logement.
Actuellement, des centaines de personnes n’ont pas accès aux droits de base en raison d’une absence de logement ou tout simplement d’adresse.
Le secteur social demande depuis des années de dissocier les droits des personnes de leur adresse, d’abroger le statut de cohabitant, de faciliter l’accès à une adresse de référence et de maintenir les guichets physiques des services. Ces changements sont à notre portée, rendons les possibles.
Crise de l’accueil
Depuis de nombreux mois, le gouvernement fédéral n’assure plus son obligation d’offrir un hébergement à toute personne demandant l’asile en Belgique.
Malgré de très nombreuses condamnations en justice, aussi bien au niveau belge qu’européen, le gouvernement s’est refusé à agir avec la vigueur nécessaire. Ce sont ainsi des milliers de personnes en plus qui deviennent sans abri à Bruxelles. La Belgique doit retrouver la voie de la légalité et de l’accueil et enfin héberger toute personne demandeuse d’asile.
Sortie d’institution → entrée en rue
“Aucune sortie d’institution (aide à la jeunesse, prison, hôpital, …) ne doit se faire sans offre de logement.”
Cette proposition fait partie d’un texte signé par tous les pays européens à Lisbonne en 2021. En Belgique, rien n’a été mis en place pour y parvenir : les personnes sortent de prison sans accompagnement, amenant une importante part d’entre elles à se retrouver sans logement. C’est aussi le cas de l’aide à la jeunesse qui, une fois leur majorité atteinte, peine à accompagner suffisamment les jeunes : 25 % des jeunes en errances sortent d’institutions d’aide à la jeunesse. Nous refusons qu’une sortie d’institution soit une entrée en rue.
Public pluriel, réponse unique ?
Plus d’une personne sur dix recensée sans chez-soi est mineure, une sur cinq est une femme et une sur cinq est âgée de 18 à 25 ans. Des jeunes, des femmes, des personnes victimes de violences intra-familiales, des personnes LGBTQIA+, etc.
À chaque personne son histoire et ses besoins spécifiques, le secteur doit pouvoir y répondre en offrant des solutions adaptées à tou.te.s. À cette fin, un soutien est nécessaire à la spécialisation et à la formation des structures.
Des services saturés
Face à l’augmentation alarmante du nombre de personnes sans chez-soi en Région de Bruxelles-Capitale, les structures d’accueil sont saturées et les équipes de terrain toujours plus sollicitées.
Les 7134 personnes sans chez-soi recensées lors du dénombrement effectué par Bruss’help en 2022 masquent une diversité des profils cumulant parfois les problématiques (santé mentale, assuétudes…).
Aujourd’hui, l’accueil et l’accompagnement de ces publics spécifiques nécessitent un renforcement des équipes, notamment par des compétences pluridisciplinaires non prévues par le cadre légal en vigueur.
Personnel à bout de souffle
D’année en année, le secteur de l’aide aux personnes sans abri voit ses obligations croître afin de compenser les guichets qui se ferment, la crise du logement, la saturation des services d’aide en santé mentale et physique, etc. Face à ce tsunami, le sens au travail s’abîme.
Aujourd’hui, le métier de travailleur·se social·e est en pénurie et les équipes de notre secteur font face à des conditions de travail de plus en plus dures.
Afin de garantir une aide psycho-médico-sociale de qualité, il faut revaloriser le travail social grâce à des hausses salariales ainsi qu’une diminution de la pénibilité de leur travail.
Coordonner les efforts
La fin du sans-abrisme et du mal logement ne peut se réaliser qu’en s’attaquant de manière structurelle aux causes et en actionnant l’ensemble des leviers vers une insertion durable.
Les compétences pour s’y atteler (Logement, Action sociale, Migration, Santé, etc.) étant réparties entre plusieurs niveaux de pouvoirs (fédéral, régional, communautaire…), des coordinations et des concertations doivent être mises en place avec les acteurs de terrain et les personnes concernées afin de créer un seul et même plan d’actions concret pour mettre fin au sans-abrisme.