L’urgence de l’hiver, la réalité de l’année : accompagner au-delà des saisons
01/07/2025
Chaque année, l’arrivée de l’hiver ravive l’attention portée aux personnes sans abri. Le froid rend la détresse plus visible, le sentiment d’urgence grandit, et les élans de solidarité se multiplient. Mais derrière cette mobilisation hivernale se cache une réalité bien plus constante : le sans-abrisme, c’est toute l’année.
L’aide d’urgence ne s’arrête pas avec les beaux jours. Elle s’inscrit dans une mission plus large : accompagner les personnes vers des solutions durables, indépendamment des saisons.
Vincent, responsable des maraudes au Samusocial, témoigne :
« Nous sommes tous d’accord pour dire que l’hiver est plus dur. Les douleurs physiques sont plus perceptibles », explique-t-il. « Mais le sans-abrisme, c’est toute l’année. Il faut accompagner les personnes sans abri au-delà des saisons. »
Si l’hiver exacerbe la souffrance, il ne crée pas la précarité. En été, d’autres risques menacent : déshydratation, coups de chaleur, infections.
« Contrairement aux idées reçues, les décès de personnes sans abri ne sont pas significativement plus nombreux en hiver qu’en été. De plus, l’hypothermie peut survenir même à des températures modérées, comme 12 degrés, en cas d’exposition prolongée », précise Vincent.
Pour autant, l’hiver reste une période stratégique pour la mobilisation :
« Les décès liés au froid choquent. C’est un moment où la pression médiatique et émotionnelle permet d’obtenir des moyens supplémentaires pour renforcer l’aide tout au long de l’année », explique-t-il.
La situation bruxelloise illustre l’ampleur du défi. Le dernier dénombrement réalisé par Bruss’Help en 2024 estimait à près de 10.000 le nombre de personnes sans abri ou mal logées dans la capitale, soit une augmentation de 40 % par rapport à 2020.
Près de 30 % des Bruxellois vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, dans un contexte de flambée des loyers et de pénurie de logements publics.
Ces chiffres doivent alerter : le sans-abrisme n’est pas un problème temporaire. Il est le reflet d’une précarisation générale de la population.
Face à cela, les plans « grand froid » et autres dispositifs hivernaux, aussi indispensables soient-ils, restent insuffisants. Il ne s’agit pas seulement d’offrir un abri contre le froid, mais de construire des parcours de sortie de rue sur le long terme.
La réponse ne peut pas reposer uniquement sur les acteurs de terrain. Elle doit devenir une priorité politique permanente, pas seulement un réflexe hivernal.
C’est toute l’année qu’il faut se mobiliser pour garantir à chacun un droit fondamental : celui d’avoir un chez-soi.