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Samusocial

Nathalie, 48 ans, une vie d’errance : « Je vais y arriver, mais je me sens encore petite. J’ai besoin d’être soutenue »

19/12/2024

Nathalie est née dans la région de Charleroi. Rapidement, sa mère, alcoolique, n’est plus en mesure de s’occuper d’elle, et Nathalie est confiée à un couple, qu’elle appelle ses ‘Grands-parents’. « J’y ai vécu sept belles années. Je recevais une éducation assez stricte chez eux, mais je me souviens surtout que je n’entendais plus crier. » Mais le couple ne peut plus s’occuper d’elle, Nathalie est placée en famille d’accueil, et en change régulièrement. 

Elle vit ses premières amours, plutôt instables. Une agression particulièrement violente la rend inapte au travail. Et puis elle rencontre l’homme qui deviendra le père de ses enfants. A 20 ans, Nathalie devient la maman d’une petite fille, et à 26 ans, elle accouche de jumeaux. La petite famille partage le même toit pendant une dizaine d’années. Mais Monsieur boit, ne travaille pas, puise dans les allocations familiales et le chômage de Nathalie, tout en refusant qu’elle se remette à l’emploi. « Je lui ai donné un an pour changer. Et puis je l’ai mis dehors, j’ai changé les clefs. Mais je ne mettais plus la petite à l’école, de peur que son père ne vienne la chercher et l’emmène. La Police est venue et a emmené mes enfants. Ils ont été placés tous les trois par les services sociaux. » C’est la dégringolade, Nathalie ne parvient plus à assumer le loyer seule, et rapidement, se retrouve en rue. 

Elle jongle entre abris de nuit et services de jour, souvent elle passe la nuit dehors. « C’était très dur. Je n’avais plus rien, seulement une manne avec quelques vêtements… que je me suis fait voler finalement. J’étais épuisée. Je marchais énormément, j’avais des cloques aux pieds. Pour tenir le coup, je buvais, beaucoup trop. L’alcool était ma consolation et mon pire ennemi. J’ai vu ma vie basculer.  Ce n’était plus possible de vivre en rue. »

Le directeur de l’abri de nuit où elle se rend régulièrement parvient à orienter Nathalie vers une Maison d’Accueil à Mouscron, où elle passe presque trois mois. Mais le changement de ville et d’environnement ne lui convient pas, elle rentre à Charleroi et ré-alterne entre la rue et l’abri de nuit. Elle parvient de nouveau à entrer en logement privé, avec son compagnon d’alors, mais une nouvelle séparation la propulse de nouveau en rue. Elle gardera toutefois contact avec cet ex-compagnon, qui reste un soutien pour elle, “bien qu’ils ne soient pas faits l’un pour l’autre”, selon ses propres mots.
C’est alors que les choses prennent une tournure alarmante. C’est l’hiver, Nathalie prend froid, elle fait une pneumonie particulièrement virulente. Après un mois passé dans le coma, elle reste encore hospitalisée pendant deux mois. L’association ‘Relais-Santé’ prend les choses en main pour Nathalie, qui peut passer 15 jours dans leur maison d’accueil spécialisée dans la prise en charge post-hospitalière des personnes sans abri. La catastrophe frôlée, Nathalie aperçoit enfin la lumière au bout du tunnel. De là, elle sera orientée à l’Ilot, à Bruxelles. Puis au centre ‘Louiza’ du Samusocial, centre d’accueil d’urgence spécifiquement dédié aux femmes. 

C’était au début de l’année 2024. Depuis, Nathalie est en ‘report’, ce qui signifie qu’elle ne doit plus passer quotidiennement par le téléphone pour réserver sa place.
Avant toute chose, il s’agit de guérir son addiction à l’alcool. La première cure de sevrage ne s’est pas avérée concluante, comme c’est souvent le cas pour les personnes victimes d’addiction et particulièrement vulnérables. « J’ai craqué », confie Nathalie. Alors on redémarre de zéro. Elle retournera prochainement en cure, puis en post-cure. Elle ira ensuite en Maison de soins, le temps de sa stabilisation. « Là-bas, ils te réapprennent à vivre seul. A cuisiner, à gérer tes factures. C’est une alternative à l’hôpital, qui vise l’autonomisation des personnes », explique Marine, assistante sociale. Elle complète en souriant à Nathalie : « C’est sans doute ce qu’il y a de mieux pour toi, Nathalie, il vaut mieux éviter que tu reviennes au Samusocial, car ici, tu risques de craquer ». Nathalie opine : « Oui, même si l’odeur de l’alcool me rend malade. »

Nathalie se sent plus forte qu’il y a quelques mois. « J’ai ramé pendant des années. Aujourd’hui j’ai un projet. Je vais y arriver, je finirai par réussir à me soigner, à avoir mon propre logement et à le garder. Mon souhait, c’est de tenir le coup, de me respecter. je me sens encore petite. J’ai besoin qu’on soit derrière moi, j’ai besoin d’être soutenue. Je suis encore fragile dans beaucoup de domaines. »


*une cure réussie se compose de 3 semaines de cure et de 3 mois de ‘post-cure’

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