Neti, jeune, seule, enceinte et sans abri
27/02/2023
Chaque jour, le nombre de personnes sans abri s’accroît et cela concerne des personnes jusque-là peu présentes en rue. De plus en plus de femmes sont victimes de violences conjugales. C’est le cas de Neti, son compagnon l’a mise à la porte et elle s’est retrouvée enceinte et à la rue.
Comment ton chemin a-t-il croisé celui du Samusocial ?
“Je passais mes nuits dans la Gare de Bruxelles-Midi, je tremblais et vomissais beaucoup. Une dame a été témoin de ma détresse et m’a proposé de l’aide. Elle m’a hébergée chez elle le temps d’une nuit, et m’a ensuite emmenée à l’hôpital. C’est là que j’ai appris que j’étais enceinte de 13 semaines. Un véritable choc, mais surtout une crainte supplémentaire pour moi. Comment allais-je vivre ma grossesse en rue ? Heureusement, une assistante a appelé le Samusocial, et j’ai été transférée dans un centre pour femmes isolées, le centre ‘Louiza”. J’ignorais que ce type de centres d’hébergement existait.
Quelles sont les difficultés auxquelles une femme enceinte et sans abri doit faire face ?
C’est très dur d’être à la fois enceinte et sans abri. L’incertitude, le stress et la solitude sont très lourds à vivre. Je n’ai personne en Belgique, toute ma famille et mes amis sont au Congo. Jusqu’à la semaine dernière, je n’avais pas de téléphone, et ne pouvais être en contact avec mes proches. Ma mère ignore que je suis enceinte, elle ne sait rien de ce qui m’est arrivé. Je ne lui dirai rien jusqu’à mon accouchement, je ne veux pas l’attrister, ni l’inquiéter.
En plus, mes difficultés financières m’empêchent de manger ce que je veux et de préparer l’arrivée du bébé. Sans le soutien des associations, la préparation des vêtements du bébé aurait été impossible.
Ta grossesse a-t-elle eu un impact sur tes relations avec les autres résidentes ?
Grâce au Samusocial, j’ai pu faire la rencontre de gens formidables ! Depuis une semaine, j’ai changé de centre d’accueil : après quatre mois au centre “Louiza”, je suis maintenant au centre d’accueil pour familles à Auderghem, depuis une semaine. Avec les résidentes du centre «Louiza» nous entretenions de bonnes relations, nous étions toutes respectueuses et bienveillantes les unes envers les autres. Avec certaines, nous nous étions même donné des surnoms affectueux. De nombreuses résidentes qui ont des enfants m’ont donné du courage, et beaucoup de conseils.
Quant à ma voisine de chambrée, elle était adorable et je l’appelais souvent « mamie ». C’était une femme âgée, et on avait une relation assez particulière. Elle me partageait de la nourriture africaine, me surveillait pour voir si tout allait bien, m’aidait lorsque je me sentais fatiguée… Le seul souci de cette cohabitation? Ses ronflements… Nous étions toutes les deux très émues lorsque j’ai dû changer de centre… Mais c’est ainsi, bientôt je ne serai plus une femme isolée, mais une maman, le centre où je réside désormais est davantage adapté à notre nouvelle situation.
Qu’est-ce qui est prévu après l’accouchement ?
Pour des raisons d’organisation, mon transfert vers le centre Familles du Samusocial a déjà eu lieu, plutôt qu’après l’accouchement, comme initialement prévu. C’est positif ! Ce déménagement anticipé me permet de m’habituer à ce centre qui est nouveau pour moi et me rassure sur le fait d’avoir une place quand mon bébé sera là. Je suis toutefois très touchée de devoir laisser mes amies avec lesquelles j’avais noué de bonnes relations.”