Mehdi a quitté le centre-ville car il ne parvenait plus à trouver le repos dans la rue. Délogé sans cesse par la police ou les riverains, il décide de prendre son sac à dos et s’installe dans un bois en périphérie de Bruxelles. Après avoir planté sa tente, il repère un dépôt sauvage et décide de se servir du matériel pour se construire un abri avec. Tel un artisan, il s’efforce chaque jour d’améliorer son habitation : chauffage, cuisine, isolation, chambre… Tout s’y trouve à présent. Autour d’un café lors du passage des équipes mobiles d’aide de nuit, il raconte :
« Ici, j’ai l’impression de retrouver une vie à mon rythme. Je fais mes courses juste à côté et je ne manque de rien. Parfois le Samusocial vient me rendre visite et faire le point sur mon état de santé ou mes démarches administratives. On discute, on boit un café, ça me réchauffe le corps et le cœur. Ici, c’est mon petit paradis. C’est parfois bruyant mais on s’y habitue vite. Lors de la journée sans voiture j’avais l’impression d’être dans mon jardin : le soleil, le calme, on entendait même les oiseaux ! C’était magnifique. Le soir, il y a moins de trafic. Je m’installe dans mon pavillon et je profite de l’air frais. Lorsque je suis fatigué, je n’ai pas à chercher un hall d’immeuble ou une cave comme autrefois : je peux dormir sur mon matelas une nuit entière et je ne dérange personne. C’est sans doute temporaire mais ici, je me sens bien plus chez moi qu’en ville. »
Le soir, lorsque tout le monde dort, les équipes mobiles d’aide du Samusocial sillonnent Bruxelles et ses alentours pour accompagner ces personnes à l’écart de tout. En respectant les choix de vie et le rythme de chacun, le lien de confiance est renoué et des accompagnements vers la sortie de rue peuvent être amorcés.