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Samusocial

Réduction des risques : un projet pilote innovant lancé au Samusocial

26/06/2025

La réduction des risques (RDR), encore trop peu connue du grand public, est pourtant une approche essentielle pour accompagner les personnes en situation de grande précarité. Depuis quelques mois, Safia, chargée de projet “Réduction des risques et des dommages” au département qualité du Samusocial, travaille à la mise en place de cette nouvelle approche de santé publique. Son objectif : offrir un accompagnement plus humain, plus global – et surtout mieux adapté aux besoins des personnes et à la réalité du terrain.

Comprendre la réduction des risques

La RDR cherche à rendre la consommation de substances et certains comportements moins dangereux pour les individus et leur entourage, en offrant des stratégies et des outils pour minimiser les risques. Cela peut inclure, par exemple, la distribution de matériel d’injection stérile, des conseils sur les produits psychoactifs et leur consommation à moindre risque, ou encore la mise en place de salles de consommation supervisées.

“La réduction des risques, ce n’est pas seulement lié à l’usage de drogues licites ou illicites”, explique Safia. “Il s’agit aussi de favoriser un rapprochement entre la prévention et les soins autour de toutes les formes d’assuétudes.”

La philosophie de la RDR repose sur le respect, l’écoute bienveillante et l’absence de jugement. L’idée est simple : accompagner les personnes là où elles en sont, sans leur imposer un changement radical immédiat. “On crée un lien de confiance, on respecte la personne dans ses choix de consommation ou non, dans la liberté de disposer de son corps et si la personne souhaite aller vers des soins, alors nous sommes là pour l’orienter et l’accompagner.”

La RDR est basée sur des principes d’humanisme, de pragmatisme et d’empowerment des personnes concernées. Elle se veut une approche non jugeante, qui reconnaît la réalité de la consommation de substances et de certains comportements, et vise à en réduire les dangers.

Cela implique une posture différente de celle que l’on adopte parfois dans les structures classiques : “C’est une vraie déconstruction. Il faut sortir de ce que la société nous a toujours appris sur la consommation, et poser un autre regard sur la personne.”

Un projet pilote au Samusocial

Le Samusocial va mener un projet pilote de réduction des risques liés à l’alcool et aux assuétudes. Le projet débutera par la formation des équipes, afin de favoriser une posture non punitive et d’améliorer la prise en charge. Il s’agira également de questionner la possibilité de consommer de l’alcool de manière encadrée et sécurisée, tout en respectant les bénéficiaires qui ne consomment pas.

L’un des enjeux majeurs du projet sera aussi la collecte de données : à ce jour, aucun chiffre précis n’existe concernant les consommations parmi les bénéficiaires. Grâce à des entretiens d’accueil et un suivi médical renforcé, les équipes pourront mieux cerner les besoins, adapter les dispositifs existants, et constituer un dossier solide pour faire évoluer les pratiques.

Pourquoi autoriser la consommation au sein des centres du Samusocial ?

Safia donne un exemple frappant : “Aujourd’hui, dans certains centres, les bénéficiaires doivent rentrer avant 22h. Ceux qui consomment de l’alcool vont alors boire très rapidement – ce qu’on appelle du ‘binge drinking’ – pour éviter le manque pendant la nuit. Cela peut entraîner des comportements à risque, voire des violences ou des complications de santé.”

L’approche de la RDR consiste donc à autoriser une consommation encadrée, en dédramatisant l’acte. “Boire ensemble, dans un cadre convivial, sans se cacher, permet aussi de commencer à parler de sa consommation, de prendre conscience de son rapport à l’alcool, et parfois de vouloir changer.”

Un projet global, porté par toute une équipe
La réduction des risques n’est pas qu’un sujet médical : elle mobilise les équipes psycho-médico-sociales, bien entendu, mais également les équipes ressources; personnel d’entretien, polyvalent, d’accueil, de nuit.

“C’est un vrai travail d’équipe. Lorsqu’une personne arrête de consommer, elle peut se retrouver face à un vide. Si on ne l’accompagne pas vers d’autres activités, du lien social, de la reconstruction, elle risque de replonger.”

Le projet prévoit aussi des actions de sensibilisation, des dépistages en partenariat avec d’autres associations, et même l’expérimentation de kits de réduction des risques distribués lors des maraudes (eau, nourriture, verres rétractables…). Ces actions visent à permettre une consommation plus maîtrisée, et donc moins dangereuse, y compris dans l’espace public.

Une démarche innovante à Bruxelles

À ce jour, aucun centre d’hébergement d’urgence ni aucune Asbl à Bruxelles n’a encore mis en place de dispositif de réduction des risques spécifiquement axé sur l’alcool. Il existe des salles de consommation à moindre risque (gérées par Lama, Transit…), mais rien de comparable n’existe dans les centres d’hébergement d’urgence.

En lançant ce projet pilote, le Samusocial ouvre la voie à une nouvelle façon de penser l’accompagnement des personnes précarisées : plus respectueuse, plus humaine, et surtout, plus efficace.

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