Rencontre avec Carlos, technicien au Samusocial
29/09/2017
Avec 478 places d’hébergement permanentes, et plus de 1200 places pendant l’hiver, le Samusocial est une « machine » qui nécessite une logistique fournie, soutenue par un service technique polyvalent. Sans ce service, le Samusocial ne pourrait servir 450.000 repas par an, déployer l’installation de dortoirs, cuisines, sanitaires… Ce service de « support » tourne grâce à 5 travailleurs temps plein.
Rencontre avec Carlos, technicien au Samusocial.
Carlos, toi qui travailles au sein de l’équipe technique depuis 4 ans, quelles évolutions as-tu noté ?
« Aujourd’hui, l’existence d’un véritable service technique permet au Samusocial de limiter les dépenses. Avant 2013, le Samusocial devait souvent faire appel à la Régie du CPAS de 1000 Bxl. D’un point de vue technique, nous avons aujourd’hui l’agrément pour les œuvres de chantier. Cela signifie que nous ne devons plus systématiquement passer par des sociétés de sous-traitance. Les travailleurs ont de meilleures compétences : avant, on changeait une lampe ou un robinet, maintenant on prend l’ensemble des travaux en charge. Pour le plan hivernal, on gère les chantiers du gros œuvre aux finitions. »
Justement, en quoi consiste la mise en place d’un centre hivernal ?
«D’abord, il y a les grands travaux : la seule installation des cuisines (qui implique la pose d’un sol agréé et de la ventilation) prend au moins 2 semaines. Il faut mettre l’électricité aux normes, installer les bureaux sociaux, les chambres, monter les lits, qui sont très lourds, parfois poser des cloisons.
Et puis il y a les petits travaux, comme changer les serrures…Ce n’est pas très compliqué, mais cela prend du temps ! Il faut 2 jours pour changer 200 serrures dans un centre. Il faut être en mesure de condamner tous les endroits où le public sans abri ne peut se rendre en dehors des horaires prévus :je pense aux cuisines, aux bureaux sociaux, à l’infirmerie, éventuellement aux toilettes, en cas de problème. »
Et en dehors des centres hivernaux ?
« Il ne faut pas oublier que tout ce qui se passe pendant l’hiver arrive aussi toute l’année : en hiver, on gère au moins 8 centres, à l’année, au moins 3.*
Quand il y a un temps mort technique, on en profite pour se lancer dans les travaux de rafraîchissement (peinture etc) ou les petites réparations… »
Carlos, quelles difficultés rencontres-tu dans ton travail au quotidien ? Quel rapport entretiens-tu avec le public aidé ?
« Notre travail, ce n’est pas une maintenance comme si on s’occupait d’une famille! Il s’agit de centres qui accueillent jusqu’à 350 personnes, avec tous les désagréments que cela peut supposer. Au niveau technique, il y aura toujours du boulot. Il faut parfois avoir du courage. C’est parfois violent. Je pense aux moments où on doit faire appel à des sociétés de débouchage. Je trouve que les gens devraient prendre davantage soin d’eux et du matériel qu’on met à leur disposition. Mais on ne peut pas les obliger.
Un autre élément délicat de mon quotidien, c’est la gestion des nuisibles. Les punaises refont leur apparition. Plus ou moins toutes les 2 semaines, une chambre est infectée. On fait appel à une société. Ils diagnostiquent la gravité et désinfectent. On doit attendre 48 heures après la première désinfection avant de retirer tout le mobilier en bois (lits, armoires, étagères, plinthes). Tout part à la poubelle ! Il faut aussi reboucher tous les trous où les punaises sont susceptibles de pénétrer.»
Comment décrirais-tu une journée type ?
(Rires)
«C’est impossible ! Il n’y a pas de routine, le temps passe vite, il y a toujours mille choses à faire, et on apprend parfois les choses tardivement, en fonction des urgences ! Les journées sont bien remplies et surtout en hiver ! Si je devais cumuler tous les moments plus creux vécus en 4 ans au Samusocial, je pense que mis bout à bout, cela ne ferait pas 2 jours d’affilée. »
Comment envisages-tu ton avenir au sein du Samusocial ?
« Avec ce qui est récemment sorti dans les médias, on a toujours la crainte de ce qui pourrait arriver par la suite et mettre encore plus à mal la réputation du Samusocial. La mission du Samusocial est indispensable. Et il y aura toujours besoin d’un service technique ! Il y aura toujours besoin de gens pour réparer les dégâts des autres. Et je sais que peu de gens seraient prêts à le faire.
Au niveau du service technique, on est comme une petite famille qui essaye de faire de son mieux. Le Samusocial, ce n’est pas que l’eau qu’on distribue en maraude, il y a aussi les lits qui doivent être montés. On travaille au jour le jour. J’aime mon boulot et je continuerai à le faire avec plaisir, si on nous en laisse la possibilité. Et je suis sûr que c’est le sentiment de tous les travailleurs. »
*Médihalte, Centre Familles, Rempart. Les deux centres correspondant au mandat Fedasil fonctionnent avec leur propre équipe technique.
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