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Samusocial

Rencontre avec Manon, psychologue de l’équipe mobile de jour

22/06/2021

« Je suis Manon, psychologue de l’équipe Maraude du Samusocial. Ce qui m’a motivé à travailler ici, c’est l’urgence et le domaine de la précarité. Je voulais vraiment faire un travail de terrain et avoir un boulot qui a du sens. A l’époque, il n’y avait pas de psy en équipe maraude mais je savais que les choses bougent vite au Samusocial. Quand un poste s’est présenté, j’ai sauté sur l’occasion ! Avant ça, je travaillais en centre d’urgence en tant que référente de nuit. J’ai aussi maraudé la nuit avant de passer en équipe mobile de jour. C’est intéressant de pouvoir voir les deux réalités. Pendant la journée, on voit que les personnes sont un peu actives, s’occupent alors que la nuit, c’est tout autre chose.

Être en équipe mobile, c’est zéro routine, on ne s’ennuie pas du tout. On arrive au boulot et on ne sait jamais vraiment ce qui nous attend. Il faut pouvoir s’adapter et modifier les priorités. On peut être dans le quartier et voir une personne en détresse que l’on n’a pas vue depuis longtemps. On va alors prendre du temps avec cette personne ce qui va modifier le reste de la journée.

Mon travail consiste surtout à avoir un œil sur la réalité psychologique des personnes et pouvoir être là en tant que soutien psy. Je ne fais pas vraiment de diagnostic clinique. J’essaie surtout de comprendre l’environnement des gens et leur évolution. Si tu veux traiter une personne en rue avec une pathologie, il faut discuter sur son lieu de vie : en rue, en tente, sous un pont, dans le métro… Grâce à ces interactions, on apprend beaucoup sur leur vécu. Si une personne le demande, on peut la réorienter dans le réseau (psychologues, hôpitaux, maisons médicales) en fonction de sa problématique, pour un suivi à long terme. Nous, on est plus là pour du court terme et de l’urgence en règle générale.

Il y a bien sûr des aspects difficiles. Par exemple, le réseau Bruxellois est saturé en maisons psychiatriques, en maisons d’accueil et dans les hébergements d’urgence. Si tout le monde pouvait accepter tout le monde, les choses iraient mieux. C’est compliqué de voir qu’on n’a pas toujours de solution directe à proposer. Pour la personne en situation d’exclusion, cela peut être violent.

Je me rappelle d’une anecdote à l’époque où je travaillais en nuit. On a été chercher un Monsieur à la Gare Centrale. Il avait des problèmes d’alcool et très souvent n’arrivait plus à marcher pour aller à Poincaré où il avait sa place. On le conduisait donc parfois au centre pour qu’il puisse y dormir. Il jouait très bien de l’harmonica. Pendant le trajet en voiture, il nous a joué un morceau à l’harmonica, qu’il jouait très bien. C’était un beau moment de partage. La musique est intense, elle crée du lien. En général, nos bénéficiaires sont heureux quand on met de la musique à la radio dans la voiture.

On a appris que cette personne est décédée il y a quelques semaines. Des bénéficiaires qui décèdent, ça arrive plus souvent qu’on ne le pense. On garde malgré tout un bon souvenir même si l’histoire finit mal. Bosser avec les sans-abris, c’est aussi garder une certaine humilité. On peut tomber en rue plus vite que l’on ne le pense à la suite de mauvais choix ou à cause de la maladie. Comprendre cela permet de remettre l’église au milieu du village. »

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