Rencontres avec Emilie et Jessie, psychologues au Samusocial : Episode 3
27/08/2024
Emilie et Jessie sont psychologues au Samusocial. Elles nous racontent leurs expériences et le cœur de leur travail. Pour retrouver les deux premiers épisodes de cette interview, rendez-vous sur la page actualités du Samusocial.
Quelles sont les problématiques ou pathologies que vous rencontrez le plus souvent ?
Emilie : Les problèmes d’assuétudes*, c’est ce qu’on rencontre le plus. Beaucoup de personnes avec des troubles de la personnalité borderline également.
Jessie : Le trouble de la personnalité borderline est aussi très présent dans notre travail, avec les psychoses, et surtout la paranoïa. C’est très compliqué parce qu’ils n’ont pas conscience de leur trouble et en amenant la question, on nuit au lien que l’on partage avec eux.
En accompagnant des personnes en rue ou en sortie de rue, vous rencontrez des personnes très vulnérables, avec des situations et des histoires très difficiles. Comment est-ce que vous faites pour gérer cela, personnellement ?
Emilie : Avant, ça me bouleversait et c’était parfois difficile de mettre de la distance entre ma vie professionnelle et personnelle. Maintenant ça me touche, et j’ai toujours une attitude de bienveillance, d’écoute, d’empathie, mais j’arrive plus facilement à mettre mon cadre et mes limites. C’est très important pour continuer à être soutenant et efficace dans l’approche avec nos bénéficiaires.
Jessie : Au début, quand je rentrais le soir, je pleurais parfois, parce qu’on entend des récits très ‘forts’ et on se demande comment les gens arrivent à (sup)porter autant de souffrance. Mais il y en a qui arrivent à dégager une certaine positivité, ils nous font rire, ils nous donnent des conseils de vie. Donc je me dis que si ces personnes arrivent à vivre avec, je ne peux pas être encore plus bouleversée qu’elles.
Pour finir, qu’est-ce qui vous stimule dans votre travail ?
Jessie : Pour moi c’est le contact humain avec les personnes. Voir comment le lien se construit, se développe, comment elles arrivent à s’ouvrir petit à petit, à essayer d’affronter les choses avec leurs ressources. J’aime vraiment bien mon travail.
Emilie : C’est le fait d’avoir des journées qui ne se ressemblent pas. Elles sont adaptées aux besoins des jeunes, le matin je peux faire un accompagnement au tribunal et l’après-midi une visite à domicile et le lendemain sera toujours différent. Et dans ce projet ‘Step Forward’, c’est vraiment la spécificité du jeune public qui me plait. Ils arrivent avec des projets et je trouve qu’on a un rôle très privilégié de les accompagner sur ce chemin pour qu’ils puissent s’épanouir et retrouver un certain mieux-être… Ils ont des expériences de vie qui sont parfois terribles, c’est donc gratifiant de les voir mûrir et se déployer.
*L’assuétude est un état de très grande dépendance à l’égard d’une substance toxique.