Salifou, travailleur polyvalent du Samusocial.
11/10/2019
De veilleur de nuit à portier, référent de nuit, en passant par les cuisines et le service technique, tant au sein de la mission sans abri que de la mission demandeurs d’asile, Salifou est l’incarnation même de ce que l’on appelle un travailleur ‘polyvalent’ au Samusocial. Habitué de notre association depuis 8 ans, portrait d’un optimiste engagé.
Salifou, comment as-tu rejoint le Samusocial ?
J’ai entendu parler du statut d’Article 60 lorsque mes droits se sont ouverts au CPAS après avoir obtenu mon statut de réfugié en 2009. En effet, je viens de Guinée-Conakry. Je suis arrivé en Belgique en 2006, où j’ai fait une demande d’asile. Je n’avais pas de choix spécifique, je voulais obtenir une protection, dans un pays francophone idéalement.
En juin 2011, j’ai été engagé sous statut art.60 comme veilleur de nuit dans le bâtiment rue Royale que nous connaissons tous, pour les logements de transit. En novembre, on a appris que le Samusocial allait investir le bâtiment pour la période hivernale. Un ami qui travaillait à l’époque au CASU me répétait souvent : ‘tu as étudié les sciences sociales au pays, tu devrais postuler »…J’ai montré mon intérêt, j’ai décroché un entretien, puis le job.
Comment étaient ces débuts ?
(Il rit) Oh, c’était dur ! J’étais engagé comme veilleur de nuit, affecté au 3° étage, le plus « chaud » : c’était l’étage des gens qui ne sont pas en report. La première fois que je suis entré dans une chambre de 20 personnes, j’ai été malade. On s’est moqué de moi. Mais j’ai appris, je me suis habitué.
Et après cette première expérience ?
A l’hiver suivant, on m’a engagé comme cuisinier, rue du Trône. Tu as vu mon gabarit ? Ils ont vite vu que j’étais bien meilleur à la porte qu’en cuisine ! (ll rit) Et puis de courtes missions se sont enchaînées…jusqu’à ce que Vincent Manteca, le chef de la mission sans-abri, m’appelle : « Camarade Salifou ! Es-tu disponible ? » Il me demandait de venir remplacer un collègue à Woluwé qui s’était cassé la jambe. Et puis le collègue est revenu plus vite, alors on m’a affecté au service technique avec Manu. Jerémie, qui devenait alors responsable du plan hiver m’a vu préparer le centre Kennis. Il a trouvé que je connaissais bien le bâtiment et m’a demandé de devenir veilleur de nuit. Ensuite, j’ai enchaîné dans le centre Poincaré jusqu’en avril 2015, en tant que portier.
Et puis j’ai eu la surprise de recevoir un appel de Marina, responsable du volet demandeurs d’asile du Samusocial.
Tu es passé dans la mission Fedasil au printemps ?
Oui ! Elle m’a expliqué que c’était très différent de la mission « sans-abri ». Hé ! Je sais bien ! (il rit) J’ai moi-même été demandeur d’asile ! Elle recherchait un veilleur. Mais sur la base de l’expérience et de la confiance construites ces dernières années, j’ai été engagé comme référent de nuit à NOH. J’ai appris à m’occuper du pré-accueil, je récupérais toutes les annexes 26 des demandeurs d’asile qui arrivaient de l’Office des Etrangers, et vérifiais qu’ils étaient bien affectés à ce centre…Jusqu’en décembre 2018 : Fedasil a décidé de fermer certains centres, dont Béjar.
Et après ?
Dès le mois de janvier, j’ai réintégré le plan hiver en tant que veilleur de nuit à Bota. Et puis, à la fin de l’hiver, nouveau coup de fil de Vincent Manteca : « Camarade Salifou ! On a une nouvelle mission pour toi ! » On m’a demandé de venir garder le centre Poincaré après la crise des punaises.
C’est une mission beaucoup plus calme que tout ce que tu as connu jusqu’ici !
Oui. Je réceptionne les livraisons et les oriente. Je m’assure aussi de la propreté et de la sécurité du bâtiment.
Après 8 ans au Samusocial, quel regarde portes-tu sur l’association ?
Quand on a travaillé au Samusocial, on sait qu’on peut changer de poste facilement. Mais le plus important, c’est de venir en aide aux personnes. J’ai occupé beaucoup de postes. La mission Fedasil m’a permis d’avoir davantage confiance en moi. Gérer un centre de 300 personnes pendant toute une nuit, ce n’est pas évident !
Je suis en contrat jusqu’au 31 octobre. La Croix Rouge m’a déjà contacté pour un poste de veilleur de nuit. Mais après 8 ans, je ne veux pas quitter le Samu. Ce n’est pas au moment où il y a tant de changements prometteurs qu’il faut aller se hasarder ailleurs.