Souhade, 52 ans, hébergée au centre d’accueil pour Femmes Louiza : « il en faut du travail pour vivre sans ressentis négatifs ».

19/09/2022

Souhade grandit en Belgique entourée de son père, son frère, ses sœurs et de sa belle-mère. Mais cette dernière la maltraite. Elle a 12 ans seulement quand elle fuit le domicile familial. De maisons de jeunes en maison d’accueil en passant par l’internat, sa vie est mouvementée. Elle rejoint sa mère au Maroc auprès de qui elle passe 16 années. Et puis rentre en Belgique a 32 ans.

« En 2004 je me suis mariée à un Albanais.  Il y a eu des histoires, il m’a trompée et j’ai commencé à boire, jusqu’à devenir alcoolique ; Je faisais des sevrages à répétition, mais rechutais à chaque fois. Et puis j’ai fait une tentative de suicide, en 2015, en ouvrant le gaz. J’ai été expulsée de mon logement car je mettais les autres locataires en danger. Alors je suis venue ici, au Samusocial, pour la première fois. Entretemps j’habitais parfois chez mon frère, mais il me frappait. Alors je revenais invariablement ici, au Samusocial. »

Souhade reprend les cures, travaille par moments quelques heures auprès d’une association partenaire du Samusocial, Solidarité Grands Froids. Mais ce n’est pas facile. Elle rechute, encore et encore. Et se met à consommer de la cocaïne, de l’éther. « Je ressens à chaque fois l’échec d’un sevrage comme une immense perte de temps. Je culpabilise. Je ne me supporte plus, parfois je ne me lave plus, je ne me peigne plus. Mais ici, les équipes le voient, et je sais leur inquiétude. Elles me remotivent. Je me sens forte même si je rechute souvent. J’ai pensé parfois que j’allais devenir folle, mais non, ça va. Je sais que j’ai besoin d’aide, je ne m’en sortirai pas toute seule. Il en faut du travail pour vivre sans ressentis négatifs. Je viens de refaire une demande de cure et de post-cure. »

« Maintenant, j’ai des objectifs, je vais réussir. Je veux avoir mon chez-moi. Je veux travailler dans un refuge pour animaux. Je veux voir grandir mes nièces, car je n’ai pas d’enfants. Mais je dois commencer par cela, car avoir un appartement sans avoir d’objectifs, cela ne sert à rien… »