Soutenir la parentalité dans l’urgence : la mission de la Cellule Petite Enfance au Samusocial
29/10/2024
Dans nos centres d’accueil d’urgence pour familles du Samusocial, la Cellule Petite Enfance (CPE) joue un rôle essentiel en favorisant le lien entre parents et enfants, ainsi qu’en accompagnant les familles qui traversent des difficultés au moyen d’activités et avec la présence d’une psychologue et d’une puéricultrice à temps plein. Leni, psychologue au sein de la CPE, nous explique l’importance de cette mission.
« La cellule ‘Petite enfance’ se focalise principalement sur le bien-être de l’enfant et le soutien à la parentalité. C’est une dimension supplémentaire que nous apportons au Samusocial, qui est centrée sur l’urgence sociale. Nous offrons un espace où les parents peuvent être soutenus dans leur rôle, et où les besoins spécifiques des enfants sont pris en compte », explique Leni.
Un accompagnement psychologique personnalisé
Leni travaille en étroite collaboration avec Aline, la puéricultrice du centre. Ensemble, elles forment un duo complémentaire pour offrir un accompagnement personnalisé. « Nous recevons autant les adultes que les enfants pour des entretiens, et nous proposons également des activités collectives ou individuelles. Lorsqu’un parent épuisé est en entretien, Aline peut s’occuper des enfants, ce qui équilibre les interventions », souligne-t-elle.
La CPE se charge également d’évaluer les besoins des enfants dans un contexte souvent marqué par des violences conjugales et intra-familiales. « Aline me fait des retours sur ses observations, ce qui est crucial, car souvent les enfants ne verbalisent pas leurs besoins. Ce travail d’équipe permet de mieux cerner ce qu’il faut mettre en place pour les aider. »
Les défis du soutien à la parentalité
Les parents accueillis au Samusocial ont souvent besoin de soutien à l’éducation de leurs enfants. « Beaucoup n’ont pas eu accès à des informations sur les besoins de leurs enfants, que ce soit en matière de nutrition ou de développement. Par exemple, Aline propose des ateliers “panade” pour enseigner les besoins alimentaires des jeunes enfants », explique Leni.
Un autre aspect clé de leur mission est d’aider les parents à se déculpabiliser. « Beaucoup se sentent coupables de ne pas pouvoir offrir plus à leurs enfants. Notre rôle est de leur rappeler qu’ils font de leur mieux et qu’ils sont de bons parents malgré des parcours de vie difficiles. »
Des collaborations étroites avec diverses institutions d’aide à l’enfance sont également mises en place, notamment le Service d’Aide à la Jeunesse et SOS Enfants, afin de renforcer les liens au sein du réseau de soutien. «Au Samusocial, nous sommes conscient·es de nos limites : bien que nous aimerions assurer un suivi complet, notre mission est d’accompagner les familles vers une sortie durable du centre. L’objectif est qu’elles ne se retrouvent pas démunies une fois sorties, sans accompagnement. Si un besoin de soutien à la parentalité est identifié, nous mettons en place des actions au sein du Samusocial, tout en sollicitant l’appui d’autres structures externes. L’autonomisation reste au cœur de chaque démarche.»
Concernant la scolarisation des enfants, Leni souligne que les professeurs ne sont pas toujours informés que la famille réside au Samusocial, souvent par choix des parents pour éviter toute stigmatisation. « Nous faisons de notre mieux pour fournir du matériel scolaire et des vêtements aux enfants. Cependant, les attentes de l’école peuvent parfois poser problème. Certains enseignants demandent des fournitures sans se rendre compte que tous les enfants n’ont pas les mêmes moyens. Récemment, une petite fille devait fabriquer un sac en découpant un jean, mais elle n’avait pas assez de vêtements pour le faire. Pour qu’elle ne se sente pas exclue, nous avons trouvé un jean qu’elle pouvait utiliser. Ce n’est pas de la malveillance de la part des enseignants, mais ils ne réalisent pas toujours que les réalités économiques varient d’un enfant à l’autre. »
Redonner aux enfants leur place
La CPE met un point d’honneur à replacer les besoins des enfants au centre des préoccupations. « Nous constatons souvent qu’ils prennent sur eux certaines responsabilités trop lourdes dès un très jeune âge. Parfois dès 4, 5 ou 6 ans. Notre travail consiste à leur redonner leur place d’enfant en leur proposant des activités et des espaces d’expression », explique Leni.
Les activités vont des ateliers de massage bébé aux séances de dessin et de coloriage. Ces moments informels permettent à Leni de mieux comprendre les besoins des enfants, qui ne demandent pas toujours de l’aide directement. Elle utilise également des outils spécifiques, comme des peluches et des cartes symboliques, pour les aider à exprimer leurs émotions.
Les défis de la Cellule Petite Enfance
Malgré ces défis, Leni observe des progrès notables chez les familles qu’elle accompagne. Elle évoque notamment le cas d’une mère arrivée épuisée avec sa petite fille d’un an, après avoir fui des violences conjugales. « Sa fille pleurait constamment, et la maman, en plein burn-out, se sentait totalement dépassée. Nous avons mis en place un accompagnement global, avec du soutien psychologique pour elle et un travail sur le lien parent-enfant. Aline a aussi pris le relais avec l’enfant lorsque c’était nécessaire. Aujourd’hui, les choses vont beaucoup mieux. Sa fille a maintenant 2 ans et demi, et leur relation est devenue bien plus sereine. C’est très gratifiant de voir cette évolution. »
Leni conclut en partageant : « Observer des parents retrouver une sérénité dans leur rôle et voir des enfants renouer avec l’insouciance et la joie représente une grande satisfaction. Ces moments de répit, comme les sorties en famille où ils passent de précieux instants ensemble, rendent ce travail gratifiant et motivant. »