Un point d’ancrage pour échapper à la dureté de la rue et recréer du lien: le Samusocial ouvre un centre dédié aux MENA en errance
28/04/2025
Ce lundi 28 avril, le Samusocial ouvre, en collaboration avec différents partenaires, un centre d’hébergement pour accueillir des MENA dits “en errance”. Ce lieu sécurisant, permettra une prise en charge bienveillante et holistique de ce public à la trajectoire complexe, qui en raison de son profil n’accède pas aux structures d’aide existantes.
Depuis plusieurs années, la présence de Mineurs Étrangers Non Accompagnés (MENA) autour de la Gare du Midi et dans les communes avoisinantes attire l’attention des autorités, des associations et des riverains. Livrés à eux-mêmes, dans des conditions de grande précarité, ces jeunes garçons, qualifiés de MENA dits « en errance », présentent fréquemment des troubles psychiques, adoptent des comportements à risque et développent des dépendances, ce qui les rend particulièrement vulnérables et les expose à toute forme d’exploitation. Bien qu’ils aient droit à une protection et que Fedasil soit mandaté pour les accueillir, leur prise en charge demeure complexe. Leurs parcours, souvent marqués par un manque de repères affectifs et éducatifs, la vie à la rue, l’emprise du groupe, la consommation de drogues et une grande mobilité, rendent difficile l’adaptation de ces jeunes aux structures d’accueil et les maintiennent en marge des dispositifs d’aide existants.
Face à la présence croissante de ces MENA dans les rues de Bruxelles, une volonté commune a émergé parmi de nombreux acteurs – les communes de Bruxelles-Ville, Saint-Gilles et Anderlecht, les associations, les prestataires de soins, les habitants des quartiers fréquentés par ces jeunes – pour proposer une solution structurelle adaptée et humaine. Le Samusocial s’est vu confier la mise en place et la gestion de ce dispositif transversal entièrement dédié aux MENA en errance.
Situé à Forest, dans un cadre lumineux et spacieux, le centre pourra accueillir jusqu’à 12 jeunes (dont deux en urgence) pour une durée d’hébergement de quelques nuits à six mois, selon l’adhésion du jeune à l’accompagnement proposé. L’objectif est de répondre à leurs besoins fondamentaux: un lit, une douche, des repas chauds, un casier pour leurs affaires, un accès à Internet, afin qu’ils puissent trouver un premier point d’ancrage où se sentir en sécurité.
Mais l’ambition du projet va bien au-delà, en proposant un suivi psycho médico-social individualisé, assuré par une équipe de 18 travailleur·euses formé·es à l’accompagnement spécifique des jeunes.
Le Projet Lama sera l’opérateur principal pour la prise en charge des phénomènes d’addiction. Plusieurs partenaires clés s’associent également au projet pour orienter ces MENA vers le centre: les services de prévention des communes avoisinantes à la Gare du Midi, SOS jeunes, Macadam, DoucheFLUX, Fedasil et le service des tutelles.
«Trop souvent, l’intervention des pouvoirs publics à l’égard de ces jeunes en errance repose sur une logique répressive, qui ne fait qu’aggraver leur marginalisation. Ce projet propose un changement de paradigme: un accompagnement holistique qui reconnaît la complexité de leur vécu et leurs aspirations. En accueillant ces jeunes dans un lieu plus adapté, nous espérons également apaiser certaines tensions autour de la Gare du Midi, en renforçant la cohésion sociale et le sentiment de sécurité des habitants. » Sébastien Roy, Directeur général du Samusocial.
Ce projet rejoint pleinement les préoccupations exprimées par le Délégué général aux droits de l’enfant, Solayman Laqdim, concernant la situation des Mineurs (Étrangers) Non Accompagnés (MNA) en Belgique. Le Délégué a émis plusieurs recommandations visant à renforcer leur protection et leur intégration, en insistant notamment sur la nécessité de mettre en place des structures d’accueil inconditionnelles assorties d’un “accompagnement intensif”.
« Comme disait Lao-Tseu, un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas. Ce centre représente justement ce premier pas indispensable pour ces jeunes en errance, trop longtemps restés sans réponse adaptée. Il répond à l’urgence de leurs besoins primaires – se nourrir, dormir, se laver – mais il nous reste un immense chantier : leur reconnaître un statut intermédiaire et des droits effectifs, pour prévenir les risques de marginalisation, d’exploitation sexuelle ou économique, ou de basculement dans la délinquance. Il en va de notre responsabilité collective. » Solayman Laqdim, Délégué général aux droits de l’enfant.