Une pause au féminin : première séance au sein de l’espace dédié aux résidentes du centre pour demandeurs d’asile de NOH.
24/03/2017
Centre de Neder-Over-Hembeek*, vendredi 17 mars, début d’après-midi, à proximité des chambres.
Julie, 29 ans, est coordinatrice du centre de Neder-Over-Hembeek. Nous quittons à l’instant l’espace de jeu dédié aux enfants. De jeunes mamans viennent d’y déposer leurs bambins : ils pourront y rester sous l’œil bienveillant de Hassanin, travailleur social, tout le temps que durera la « séance détente » réservée aux femmes, dans une salle à peine plus loin. Sur le chemin vers le salon, nous croisons plusieurs femmes et mamans, qui ne sont peut-être pas encore au courant de cette nouvelle activité dans le centre.
Julie interpelle l’une d’entre elles : “ Bonjour ! vous êtes depuis longtemps dans le centre ? »
Mme X : « Depuis le 09 mars »
Julie : « vous ne devriez pas tarder à être convoquée pour la suite de vos démarches. Vous voulez venir avec nous ? »
Après quelques explications sur l’endroit où nous l’invitons, elle accepte rapidement. Les moments d’évasion sont rares pour les femmes en attente d’introduction de leur demande d’asile. Julie explique : « on ne les voit pas beaucoup. Parmi les femmes que nous accueillons au centre, beaucoup font partie de cultures au sein desquelles leur espace de vie est très différencié de celui des hommes. C’est pourquoi nous avons justement voulu créer un espace où elles se sentent à l’aise, où elles peuvent se rencontrer, entre femmes »
Inspirée par le « Jeudi de la femme », une séance bi-mensuelle lors de laquelle les femmes du centre famille du Samusocial à Woluwé se retrouvent autour d’une activité ou pour discuter d’un thème en particulier, Julie est à l’initiative de ces séances 100% féminines au centre NOH : « C’est une problématique qui me tient à cœur », explique-t-elle.
Il est 14h30, une dizaine de femmes sont présentes. Pendant 2h, objectif détente. Avant de lancer ce projet, les femmes du centre ont été interrogées : que pensent-elles de la mise à disposition d’un tel espace ? Que souhaiteraient-elles y faire ? Très enthousiastes, les résidentes ont fait part de leurs souhaits : faire du sport, de la couture, de la coiffure, de la lecture, parler de leurs corps en tant que femmes, en tant que mères…
Entendu. Pour commencer, créer un lieu « rien que pour elles ». Notre partenaire Solidarité Grand Froid a relevé le défi : en quelques jours seulement a été mis sur pied un espace d’une cinquantaine de m2, confortable, chaleureux et coloré. Canapés, tissus chamarrés, tables de bricolages, espace yoga, bibliothèque, sets de crochet et tricot…l’endroit est cosy.
« SGF est essentiellement composé de femmes, précise Julie. Elles savent de quoi il retourne. Notre collaboration avec ce partenaire est précieuse. »
Ce vendredi, pour la première séance, elles apprivoisent ce nouveau lieu et vaquent à des occupations différentes, seules ou en groupe. L’une lit, d’autres tricotent ou se coiffent mutuellement, d’autres encore se lancent dans la confection de bijoux. Dès vendredi prochain, des thèmes de discussion s’inviteront dans les séances… « on parlera de choses comme l’hygiène intime, la contraception…mais cet espace a avant tout pour objectif de permettre aux femmes de parler librement, si elles le souhaitent, sans crainte d’être jugées, et de revenir sur leurs parcours migratoires, souvent très difficiles », rappelle Julie. « Et puis, parce l’équipe dans le centre est principalement composée d’hommes, les travailleuses s’inviteront parfois aux séances du vendredi après-midi : cela permet de créer des liens différents, grâce à un contact privilégié avec les résidentes. Pour moi, ça a du sens. » Sans nul doute.
*Le Centre de Neder Over Hembeek accueille 250 migrants en transit ayant déposé une demande d’asile en Belgique. Elles séjournent au centre de NOH jusqu’à ce qu’elles soient convoquées pour un entretien à l’Office des Etrangers. Elles seront ensuite redirigées vers un autre centre d’hébergement.