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Samusocial

24H avec la maraude

09/07/2024

En 2023, les équipes mobiles d’aide, plus communément appelées les maraudes, ont aidé 1 998 personnes dont 326 femmes et 85 mineur·es. Les maraudeur·ses tentent de répondre aux besoins de première nécessité de ces personnes, mais leur rôle ne se limite pas à la simple distribution de nourriture et vêtements. Engager un dialogue en proposant une boisson chaude est fondamental pour créer un lien de confiance, une condition sine qua non pour la mise en place d’un travail psycho-médico-social. Les équipes mobiles sont souvent le premier contact entre le Samusocial et les bénéficiaires, et leur mission est d’informer, d’accompagner et d’orienter les personnes. 

C’est parti pour une immersion de 24 heures avec les maraudeur.ses du Samusocial.

Maraude de jour

9H : Rafaël, coordinateur des équipes mobiles et maraudeur depuis dix ans au Samusocial, commence sa journée à 9 heures. La première tâche consiste à lire les rapports de la maraude de nuit pour faire le lien avec le travail de l’équipe précédente. Après avoir chargé les camionnettes de boîtes de conserves, d’eau, de couvertures, de vêtements, et de produits d’hygiène, nous sommes prêts à partir. Rafaël nous explique que les équipes mobiles fonctionnent selon deux principes d’action : la réponse aux signalements et la prospection. Les appels reçus par la permanence téléphonique (0800/99.340) permettent en effet de recueillir et centraliser les signalements de personnes qui ont besoin d’aide en rue, ces signalement sont effectués par des particuliers, des opérateurs ou même  les bénéficiaires eux-mêmes. 

10H : On rencontre justement Ismaël suite à un signalement. Il a une quarantaine d’années et est installé près de la gare du Nord. Très content de nous voir, il nous demande une couverture et des sous-vêtements. C’est l’occasion de parler avec lui et de l’informer sur les dispositifs qui existent à Bruxelles, on lui laisse aussi la carte du Samusocial avec le numéro de téléphone pour demander un hébergement dans un centre. En journée, les équipes mobiles aident les personnes à assister à leurs rendez-vous, par exemple au CPAS.

11H : On fait ensuite de la prospection quand il n’y a plus de signalements. Rafaël connaît la ville comme sa poche, surtout les endroits fréquentés par les personnes en rue. Nous allons dans des squares, sous un pont, et dans des endroits un peu cachés.

“La majorité de nos interventions se fait à Bruxelles centre (60%). (…) Tu vois des spots aménagés, c’est impressionnant”, commente Rafaël.

15H : Nous partons d’ailleurs à la rencontre de Walid*, que Rafaël connaît bien. On entend les caquètements de poules avant même de voir une construction qui émerge à l’arrière d’un parking en friche, et une petite ferme, bien organisée : des poules, un coq, des dindons, une petite marre et un système de rétention d’eau de pluie. Walid nous serre la main avec un grand sourire. Il n’a besoin de rien, les voisins sont très solidaires avec lui, ils sont d’ailleurs en train de prendre le thé quand nous arrivons. Mais malgré son sens de la débrouille, Walid vit dans des conditions précaires, sans eau courante, ni électricité.

Rafaël nous avait prévenu : “Il se débrouille pas mal et quand tu lui proposes des boîtes de thon, il nous rit au nez. On croyait l’avoir perdu à un moment car la police a dû le faire partir. Mais on l’a retrouvé et il avait construit tout ça ! Ce qui est terrible c’est que tu sais qu’à terme, il va être délogé.”

16H30 : Quand nous rentrons, la dernière tâche de Rafaël est de rédiger le rapport d’activité de la journée pour permettre à l’équipe de nuit de prendre le relais. Chaque journée est différente et réserve son lot de surprises pour Rafaël et son équipe.

*nom d’emprunt

Maraude de nuit

19h30 : L’équipe de nuit prend le relai de l’équipe de jour. Ce soir, conditions spéciales, car seulement deux personnes, dont l’autrice de ces lignes, assureront la maraude. Exceptionnellement, l’équipe ne sera donc pas présente toute la nuit. Une fois la camionnette chargée, direction la Croix-Rouge pour récupérer des plats cuisinés.

20h30 : Une fois arrivés au Boulevard Pachéco, nous distribuons les repas, ainsi que des couvertures et bouteilles d’eau aux personnes qui ont trouvé refuge devant l’Office des Etrangers. La plupart sont des hommes, parfois très jeunes, qui sont en procédure de demande de protection internationale, mais pour qui aucune place n’a été trouvée dans un centre d’accueil. Deux fois par semaine, le Samusocial distribue ces plats préparés aux personnes qui attendent l’avancée de leur procédure. 

Vincent, Responsable projet des équipes mobiles d’aide : Dans les conditions actuelles, on ne peut malheureusement pas distribuer des repas à chaque personne rencontrée en maraude, on a ni les financements pour, ni le temps, et ce n’est souvent pas la première demande des personnes que l’on rencontre. Les repas fournis par la Croix-Rouge sont donc donnés en priorité aux occupants de Pacheco, pour qui, hormis une veille sanitaire et alimentaire, on ne peut rien mettre en place. En distribuant 60 repas en une heure, on fait 60 heureux en une heure. 

22h00 : Notre première destination est la Gare du Midi, où deux femmes ont été signalées. Malheureusement, après avoir arpenté les couloirs de la gare, nous nous résignons à repartir car nous n’avons pu trouver aucune des deux personnes. Nous distribuons les couvertures, repas, bouteilles d’eau et cafés à d’autres personnes ayant reconnu les vestes bleues du Samusocial. En l’espace de vingt minutes, six personnes nous ont demandé de l’aide, dont plusieurs n’avaient pas pu obtenir de place dans un centre d’accueil d’urgence du Samusocial cette nuit-là.

23h30 : Nous nous dirigeons ensuite vers la Poste de Saint-Gilles, où se trouvent deux hommes qui nous attendent. La personne qui nous avait contacté étant partie faire la manche, son ami Mathieu* surveille les affaires et réceptionne une couverture et des produits d’hygiène pour le premier. Il nous explique qu’il s’est fait voler récemment et qu’il doit à nouveau renouveler ses papiers. 

00h00 : Après avoir échangé avec Mathieu, nous nous rendons à la Porte de Namur pour rencontrer un homme qui avait été signalé par une passante. Une fois sur place, impossible de le retrouver. Mais cette fois encore, de nombreux autres hommes viennent à nous pour demander une couverture, un café ou à manger. Trois hommes nous accompagnent jusqu’à la camionnette, l’un deux nous indique être sorti de cure deux mois auparavant. Un de ses amis explique qu’il l’accompagne à ses rendez-vous médicaux et au CPAS, il veut vraiment l’aider à tenir. 

00h45 : Direction le Square de Meeûs désormais, pour répondre au dernier signalement de la nuit. Plusieurs hommes attendent notre arrivée. Ils nous disent se sentir plus en sécurité ici, dans le quartier européen, que dans certaines stations de métro qui sont souvent les lieux de conflits ou de vols. 

1H30 : Après avoir distribué les derniers repas restants, le responsable de la maraude doit désormais rentrer au bureau pour faire un compte-rendu des personnes rencontrées dans la soirée. Il peut éventuellement indiquer à l’équipe qui prendra le relais le lendemain, des personnes à aller voir en priorité si elles ont exprimé un besoin matériel ou d’accompagnement social ou médical auquel nous n’avons pas pu répondre. 

Vincent termine son service pendant que les personnes rencontrées ce soir se préparent pour une nouvelle nuit en rue. 

 

*nom d’emprunt

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