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Samusocial

Gary, 16 ans, arrivé seul en Belgique après un long et dangereux périple depuis le Cameroun.

12/01/2022

Récemment, pour faire face à la saturation du réseau d’accueil, Fedasil mandatait le Samusocial pour l’ouverture en urgence de 70 places pour demandeurs de protection internationale (Crise de l’asile: Le Samusocial ouvre un centre de 70 places de transit à Molenbeek).
Gary est l’un des 25 Mineurs Etrangers Non Accompagnés (MENA) hébergés dans ce centre. Il a 16 ans, et arrive du Cameroun. Il nous raconte son périlleux parcours jusqu’à Bruxelles.

Gary vit avec sa famille dans la partie anglophone du Cameroun quand, il y a 3 ans, un conflit politique entre les parties francophone et anglophone du pays éclate. Au milieu, la population est prise au piège. Les forces armées pillent, brûlent et attaquent les villages et leurs habitants. Un jour, la mère de Gary reçoit une balle dans le pied. La situation est trop dangereuse, il n’a d’autre avenir que de s’enfuir. Sa maman rassemble toutes ses économies et organise son départ. Gary prend la route vers l’espoir; il est contraint d’abandonner tout ce qu’il a toujours connu. Il s’élance alors dans un parcours infernal qui manquera de lui coûter la vie à plusieurs reprises.

Un passeur le fait d’abord entrer au Nigeria. Pour Gary, les souvenirs de cette période sont flous, il évoque des perturbations, de la violence. Il traverse le pays pendant deux semaines et demi avant d’atteindre le Niger. Là encore, il est confronté au climat politique menaçant du pays. Il voyage en cavale à traverse le désert, marche la nuit, dort caché dans la forêt la journée, à l’abri des forces armées. Un guide et des dizaines d’autres migrants l’accompagnent. Au fur et à mesure, certains quittent le groupe, ils rejoignent une route différente dans l’espoir d’atteindre la liberté, beaucoup n’y arriveront jamais.

Après 30 jours de voyage, Gary entre en Algérie: “là-bas c’est encore plus strict que ce que j’avais connu auparavant, en plus je ne parle pas l’arabe”. Il arrive à Debdeb – une commune algérienne poste-frontière entre l’Algérie et la Libye -, après des heures de voyage, trimbalé à l’arrière d’une voiture dans une malle, sans manger ni boire… Mais là n’est pas la priorité. Il y restera pendant plus de deux mois. A présent, Gary a perdu tous ceux avec qui il voyageait jusqu’ici. Pendant quelques jours, il dort chez un passeur qui le fera traverser en Libye.

Un soir, tard dans la nuit, on vient le chercher : le moment est venu de traverser la frontière. Une fois en Libye, le pire reste à venir: “ La violence est partout, les gens portent des armes sans même les cacher. Les noirs comme moi sont kidnappés par les milices qui demandent ensuite des rançons aux familles. C’est arrivé à plusieurs personnes du groupe. Moi j’ai eu de la chance, ils ne m’ont pas attrapé.”

Après s’être fait extorquer, Gary va devoir travailler dur pour payer sa traversée lui-même. Au total, il passera 5 mois et 2 semaines en Libye à travailler dans des chantiers pour un homme qui organisera son périple jusqu’en Europe. Finalement, Gary embarque à bord d’un modeste zodiac gonflable au milieu de 70 autres personnes et prie chacun des 21 jours de trajet.

“Je n’ai pas dormi pendant la traversée, j’étais terrorisé, je priais jour et nuit. Une fois à bord, certains m’ont raconté qu’ils en étaient à leur troisième tentative. Les bateaux sur lesquels on voyage sont issus d’un trafic entre milices, il arrive donc régulièrement que les groupes interceptent les bateaux en pleine mer et les obligent à faire demi-tour. Les migrants à bord sont ensuite emprisonnés et doivent payer pour sortir. Moi je n’avais plus aucun argent, si je me faisais mettre en prison, j’y restais. En plus, on m’avait volé mon téléphone avant de partir, je n’aurais donc pu contacter personne.”

Le 20 novembre 2021, le zodiac est secouru par le bateau-ONG “Sea-Watch”, “c’était le plus beau jour de ma vie, mon cœur s’est relâché”, confie-t-il. Ils accostent quelques jours plus tard en Italie. Gary est soumis à une quarantaine à bord d’un autre bateau, il est ensuite transporté vers Milan où il est accueilli dans une famille. Là-bas il peut souffler un peu et appeler sa mère pour lui annoncer la bonne nouvelle.

Néanmoins, la barrière de la langue représente un obstacle important, Gary souhaite rejoindre un pays francophone. Avec un ami nigérien dont le frère travaille à la gare routière de Milan, ils montent à bord d’un bus qui passe par Bruxelles. C’est là que Gary descend. Pendant plusieurs jours il dort dehors, dans le froid, mais il reste déterminé: “ C’était pas facile, j’allais à la rencontre des gens mais certains d’entre eux n’aiment pas ça. Après plusieurs tentatives, j’ai réussi à trouver quelqu’un qui a su me dire où aller pour trouver des frères Camerounais. Je leur ai alors demandé les étapes à suivre pour faire une demande d’asile. Je me suis rendu au Petit Château.  J’ai dormi devant pendant 2 nuits. Puis on m’a envoyé ici, au Samusocial. Mais là je ne me plains pas, franchement, je suis en sécurité.”

Gary n’a que 16 ans, il a pourtant déjà vécu plusieurs vies. Cela fait deux semaines qu’il est pris en charge par le Samusocial, le pire est derrière lui. En tant que mineur, sa demande de protection internationale devrait être enregistrée rapidement. En attendant, il revient doucement à des préoccupations d’un jeune de son âge, il joue au foot et devrait intégrer prochainement un club. On lui souhaite beaucoup de succès !

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