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Samusocial

La mort au Samusocial – Aude, coordinatrice du programme Step Forward, témoigne.

10/12/2023

Aude coordonne le programme ‘Step Forward’ du Samusocial, un projet de Housing First qui vise la remise en logement de jeunes âgés de 18 à 25 ans souffrant d’assuétudes et/ou de problématiques psychologiques ou psychiatriques. Depuis le lancement du programme en 2015, Aude et ses équipes ont été confrontées à trois décès. “Le public que l’on suit souffre de nombreuses fragilités à la base”, nous confie Aude. Ils nous disent parfois que la seule chose qu’ils souhaitent, c’est mourir. Ils ne parviennent pas à trouver leur voie sur terre”.

Le premier était en logement depuis quatre ans lors de son décès. Souffrant d’alcoolisme fœtal, une trop grande dose de médicaments lui a été fatale. Le deuxième souffrait aussi de graves assuétudes et est décédé d’une overdose. Nicolas, le troisième, a quant à lui fait le choix de mettre fin à ses jours, chez lui, en absorbant une importante quantité de médicaments. Il le disait souvent : il voulait  “rejoindre les anges”. 

Aussi tristes qu’interpellants, ces décès nous rappellent que le projet Step Forward est un pari osé, un véritable défi : la remise en logement privé des jeunes aux antipodes de tout ce qu’implique d’avoir un chez-soi, à commencer par une certaine stabilité psychologique, est une affaire on ne peut plus délicate. Nicolas n’a pas survécu à son entrée en logement. Quand une personne est en rue, elle doit tenir coûte que coûte”, nous explique Aude.Certains jeunes parviennent à se maintenir en rue et s’écroulent une fois en logement, sans doute parce qu’ils n’ont plus cet acharnement qui les pousse, par exemple, à chercher un endroit où dormir. C’est cet acharnement qui fait que la personne tient. C’est une résistance qui disparaît en un coup une fois à l’abri”. Dans cette même idée, il n’est pas rare que les équipes du Step Forward suivent des jeunes en rue qui viennent à chacun de leurs rendez-vous et qui, une fois en logement, se montrent beaucoup moins disciplinés. Le retour en rue finit alors par s’imposer à nouveau, jusqu’à une éventuelle remise en logement. “C’est un cercle vicieux, mais qui constitue tout au plus 5% du projet”, explique Aude.

Pour accompagner les jeunes, l’équipe compte une psychologue parmi ses membres et travaille en collaboration avec des services de santé mentale ou des psychiatres. Mais notre psychologue ne se présente pas directement comme telle aux jeunes, pour qui les psys représentent en quelque sorte la réponse institutionnelle d’une société qui les a malmenés”, ajoute Aude. “Notre psy part en balade avec les jeunes, fait le tour de la ville, prend le temps de créer un véritable lien”. Toutefois, aucun suivi psychologique, aussi poussé soit-il, ne peut se révéler efficace auprès d’une personne qui le refuse. 

“Peut-on vraiment aller à l’encontre de la volonté de mourir d’une personne ?”, s’interroge Aude. “Notre rôle est d’être présents, au plus près des besoins du/de la jeune, pour qu’il/elle s’épanouisse, en mettant ses ressources propres au cœur du projet de reconstruction. Parfois, cela se solde par un échec. Mais nous continuerons de tout mettre en œuvre pour tendre vers cela.”

En 2022, le Collectif des Morts de la Rue dénombrait à Bruxelles 79 décès de personnes sans abri ou ayant vécu à un moment de leur vie en rue. Les dernières données du collectif indiquent pour les personnes sans abri un âge moyen de décès de 49,8 ans. À Bruxelles, l’espérance de vie moyenne est de 81,6 ans.


Lire le témoignage de Rafaël, coordinateur des équipes mobiles d’aide
Lire le témoignage de Céline, référente psycho-médico-sociale

 

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